Le chanteur Youssou N'Dour candidat à l'élection présidentielle
L'artiste sénégalais Youssou N'Dour a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, dont le premier tour est prévu le 26 février. Le chanteur de renommée mondiale se pose comme "l'alternative" au régime du président sortant Abdoulaye Wade. Par Dépêche (texte) AFP - Le chanteur-vedette sénégalais Youssou Ndour, 52 ans, a annoncé lundi soir qu'il sera candidat à l'élection présidentielle de février, dans une déclaration sur la radio et la télévision Futurs Médias (RFM et TFM), appartenant à son groupe de presse.
"Depuis très longtemps", de nombreux Sénégalais "ont, par divers moyens, appelé ma candidature à la présidentielle de février prochain. J'ai écouté, j'ai entendu, je réponds favorablement à votre requête. (...) Je suis candidat", a déclaré M. Ndour, également président d'un mouvement citoyen créé en 2010 et baptisé "Fekke ma ci bollé" ("Je suis là, donc, j'en fais partie" en langue nationale wolof).
"C'est un devoir patriotique suprême, le meilleur des dons de soi. (...) Je suis l'alternative à l'Alternance", a-t-il ajouté, "l'Alternance" désignant au Sénégal le régime du président Abdoulaye Wade, un libéral arrivé au pouvoir en 2000 après 40 ans de pouvoir socialiste.
"C'est vrai, je n'ai pas fait d'études supérieures, mais la présidence est une fonction et non un métier. J'ai fait preuve de compétence, d'engagement, de rigueur et d'efficience à maintes reprises. A l'école du monde, j'ai appris, j'ai beaucoup appris. Le voyage instruit autant que les livres.
Né en octobre 1959 dans le quartier populaire dakarois de la Médina dans une famille modeste, Youssou Ndour est aujourd'hui un des artistes sénégalais les plus connus au monde, auteur de plus de 20 albums et qui cumule les casquettes.
Il a créé à Dakar un studio et une société de production, une société de micro-crédit, anime une fondation caritative en plus d'être patron de presse: outre RFM et TFM, le groupe Futurs médias comprend un quotidien, autant de médias bénéficiant d'une large audience dans le pays, et souvent critiques envers le régime du président Abdoulaye Wade.
A la création de son mouvement citoyen, il avait indiqué avoir l'intention de soutenir publiquement, pour la première fois, un candidat à l'élection présidentielle de 2012. "Je vais beaucoup plus éveiller les consciences, faire des tournées pour aider à comprendre et pour dénoncer les tricheurs", avait-il expliqué.
Dans sa déclaration lundi soir, il a promis de ne pas ménager ses efforts pour "faire du Sénégal un pays qui se fait tout seul, par la main et la force de ses enfants", en déroulant son programme incluant des initiatives pour la paix dans la région troublée de la Casamance (sud), la bonne gouvernance, le développement de l'agriculture mais également des projets tournés vers le social, notamment la santé et l'éducation. "Ma vie est faite de 10% d'inspiration et 90% de transpiration", a-t-il dit.
Avant M. Ndour, une vingtaine de personnalités, essentiellement de partis politiques et de la société civile, ont annoncé leur intention de briguer les suffrages ou ont été choisis comme candidats pour le scrutin, dont le chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade.
Le Conseil constitutionnel doit décider fin janvier de la validité des candidatures à la présidentielle qu'il aura reçues. Le premier tour du scrutin est prévu le 26 février.
Agé de 85 ans, le président Wade a été élu en 2000 et réélu en 2007 pour cinq ans, il se représente pour un nouveau mandat de sept ans après une modification de la Constitution rétablissant le septennat.
Sa candidature divise la classe politique au Sénégal, qui diverge sur l'interprétation de la Constitution: l'opposition estime que M. Wade a épuisé ses deux mandats légaux et doit céder le pouvoir, les partisans du président considèrent que le décompte des deux mandats légaux doit se faire à partir de 2007, sur la base de la Constitution de 2001.
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Pour la première fois depuis ..bien longtemps, j'ai le plaisir de pouvoir poster une bonne nouvelle concernant le Sénégal . Oui, je suis contente. Youssou n'a pas d'expérience en politique mais il a tellement mieux ! Une belle âme et du coeur ! J'espère que le Sénégal saura saisir sa chance .
A lire aussi cet article du Figaro qui rappelle les grandes lignes de sa carrière et de ses actions
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Youssou N'Dour, musicien engagé
Le point sur la carrière du «meilleur chanteur du monde» selon le New York Times, candidat à la présidentielle sénégalaise.
Né en 1959 dans un quartier populaire de Dakar, Youssou N'Dour est déjà réputé pour être le roi du «mbalax» une musique très rythmée d'origine sénégalaise. Le chanteur a toujours préféré la musique aux études, au grand désespoir de ses parents. Adolescent, il intègre l'institut des Arts de Dakar. L'artiste lance sa carrière internationale grâce au chanteur anglais Peter Gabriel, ex membre du groupe de rock Genesis qui l'invite à faire sa première partie de concert dans les années 1980. Ensemble, ils chantent en 1986. Sa carrière est marquée de célèbres duo avec des stars internationales comme , avec qui il a collaboré sur le disque Tam Tam pour l'Ethiopie qui vient en aide aux victimes de la famine dans ce pays. Mais sa chanson la plus célèbre reste 7 Seconds en duo avec la chanteuse suédoise .
Youssou N'Dour & Neneh Cherry 7 Seconds par magik-man2
En 1998, il compose l'hymne de la coupe du monde, La Cour des Grands chanté en duo avec l'artiste française Axelle Red. La même année, Youssou signe la musique du film d'animation Kirikou et la sorcière. En 2006, le chanteur d'origine sénégalaise fait ses premiers pas au cinéma dans Amazing Grace. Le film raconte la lutte de l'idéaliste William Wilberforce qui tente de mettre un terme à l'esclavage au 18ème siècle en Angleterre. L'artiste persévère au cinéma et joue son propre rôle dans un documentaire Retour à Gorée en 2007. Le film retrace le périple de Youssou N'Dour sur les traces des esclaves noirs et de la musique qu'ils ont inventée, le jazz. En octobre 2002 sort l'album Nothing's in Vain qui rend hommage à son pays natal, le Sénégal et à sa langue maternelle, le Wolof. Les instruments traditionnels ne sont pas oubliés dans cet opus très intimiste. Néanmoins, le titre qui fait sensation est So Many Men, un duo avec Pascal Obispo.
Youssou N'Dour a toujours lié sa musique à son engagement politique. En 1985, il organise un concert à Dakar pour la libération de Nelson Mandela. En 2004, le chanteur participe au disque Agir Réagir en faveur des sinistrés du tremblement de terre au Maroc en 2004. En 2007, Youssou N'Dour, avec d'autres artistes engagés, participe à la réalisation de Make Some Noises qui est une reprise du célèbre album Imagine de l'ancien membre des Beatles John Lennon. Les artistes se mobilisent pour la fin de la crise du Darfour. Dans cet album, le chanteur interprète Jealous Guy, un des tubes de John Lennon.
Sa carrière est récompensée en 1996, année où il est élu meilleur artiste africain. En 2005, il reçoit un Grammy Awards pour son album Egyptclassé dans la catégorie meilleur musique du monde. Sa dernière production date de 2010. L'album Dakar-Kingston rend hommage au reggae. Déjà à cette époque, le chanteur confiait vouloir metttre sa carrière entre parenthèse.
Le chanteur a toujours été très critique envers la politique du président sénégalais Abdulaye Wade. En novembre dernier, il décide de suspendre sa carrière musicale pour lancer son mouvement politique, «Fekke Maci Boolé», «Je suis engagé», en wolof. C'est donc tout naturellement qu'il a annoncé sa candidature à la présidentielle sénégalaise de février 2012, même si les observateurs politique ne pensaient pas qu'il irait aussi loin.
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Encore un article et promis, je m'arrête . Celui-ci me paraît intéressant car il donne la parole à une partie de la jeunesse sénégalaise
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Au Sénégal, les rappeurs contre Abdoulaye Wade
Enquête | | 12.12.11
Simon Kouka et Cheikh Fadel Barro, du mouvement Y'en a marre à Dakar, en juin 2011.AFP/SEYLLOU
Youssou N'Dour, candidat à la présidence du Sénégal en 2012 ? L'idée a fait l'effet d'une bombe à Dakar, le 5 décembre, lorsque le chanteur a donné une conférence de presse pour l'ouverture des locaux de son mouvement, Fekké Maci Bole (littéralement "C'est parce que je suis témoin, que je participe"). A travers ce mouvement, Youssou N'Dour compte peser dans les élections du 26 février 2012.
Le roi du mbalax a annoncé qu'il mettait sa carrière entre parenthèses à partir du 2 janvier 2012 pour se consacrer à la politique, laissant planer le doute sur sa candidature. Le 9 décembre, son avocat retirait bien à la direction générale des élections le document nécessaire à son inscription, mais l'entourage du chanteur affirme aujourd'hui que la star ne s'est pas encore décidée.
Youssou N'Dour a beau être un homme d'affaires avisé, connaissant les arcanes du pouvoir, de là à se lancer dans l'arène politique, il y a un pas à franchir. Sa popularité risque d'être fort mise à mal : "Il sera traité de la même manière que tous les autres candidats", prévient Fou Malade, 37 ans, membre du mouvement, Y'en a marre.
Depuis janvier, ce collectif constitué de rappeurs (Keur Gui, Simon, Fou Malade, 5kieme Underground, Xuman...) et du journaliste de La Gazette Cheikh Fadel Barro a lancé sa campagne, appelée "électo-rap". Y'en a marre a d'abord appelé à manifester le 19 mars, date anniversaire de l'alternance au Sénégal après quarante ans de socialisme, a milité pour que les jeunes s'inscrivent sur les listes électorales, comptabilisant 357 000 nouveaux électeurs, et a participé activement à la manifestation du 23 juin devant l'Assemblée nationale.
Cette manifestation a fait reculer le président actuel, Abdoulaye Wade, qui voulait modifier la Constitution pour pouvoir se présenter à un troisième mandat aux côtés de son fils Karim. C'est lors de ces événements que Y'en a marre s'est fait connaître de tout le Sénégal. Deux de ses rappeurs, Fou Malade et Thiat, du groupe Keur Gui, étaient arrêtés pendant un sit-in, et un troisième, Simon, tabassé au commissariat, pour avoir demandé leur libération : "En sortant", raconte ce Dakarois de 32 ans qui a fait ses études en France, "je n'ai pas porté plainte contre les policiers. Mais je l'ai fait de manière symbolique, en diffusant sur Internet une vidéo où je montrais mes hématomes : je voulais que les Sénégalais sachent qu'il y avait une nouvelle jeunesse qui était prête à prendre des coups pour qu'on ne touche pas à la Constitution." Wade a bien essayé de contrecarrer Y'en a marre en finançant d'autres rappeurs : les seconds couteaux Requin, Pacotille... mais rien n'y fait.
Le 20 décembre prochain, les rappeurs du collectif enfoncent le clou et diffusent au Sénégal leur compilation Y'en a Marre, dont un des titres phares, Faut pas forcer, demande à nouveau à Abdoulaye Wade de ne pas se présenter. Leur mouvement, que les rappeurs disent apolitique, veut, selon Fou Malade, "replacer le citoyen au coeur des décisions, l'intéresser à la chose publique. Y'en a marre, c'est une force de pression populaire, une sentinelle. Nous avons élu Wade en 2000 mais nous ne l'avons pas surveillé pour le programme pour lequel nous l'avons élu."
Les textes de la compilation parlent du coût de la vie, des coupures d'électricité, et prônent, dit Fou Malade, "le nouveau type de Sénégalais". Comme lui, Xuman, rappeur aussi de la première génération, avait appelé au vote en 2000 pour Abdoulaye Wade : "C'est à cause de nous, les rappeurs et les radios libres, s'il a été élu, se flagelle ce grand rasta. J'étais très enthousiaste, au début. Les critiques sont venues tardivement. Je ne regrette pas de l'avoir soutenu, juste de ne pas avoir répondu à nos attentes. Il faut reconnaître à Wade la libéralisation de la presse, de nouvelles constructions d'hôpitaux, d'universités, de routes, mais à côté de ça, il a une gestion catastrophique des délestages électriques, des inondations, des finances. Il a rendu une élite très riche en un laps de temps très court."
Simon reproche aussi au système Wade son utilisation du "pouvoir maraboutique" : "Ici, il y a des confréries qui ont des millions de fidèles, explique le rappeur. Le pouvoir utilise ces familles religieuses pour qu'elles donnent des consignes de vote à coup de mallettes d'argent, de privilèges, de passeports donnés à leurs enfants... J'estime que les relations que je peux avoir avec mon marabout se limitent à ma spiritualité. Il n'a pas à intervenir dans ma vie matérielle ou citoyenne." Les "Y'en a marristes", comme on les appelle dorénavant à Dakar, s'abstiennent bien d'ailleurs de donner des consignes, mais veulent que les Sénégalais votent en toute liberté et en conscience, pas parce que le candidat a le soutien de son marabout, ou parce qu'il est un chanteur populaire.