C'est au-delà d'Uzès, que l'on vienne d'Alès, de Bagnols-sur-Cèze ou de Barjac, qu'apparaît Lussan, village médiéval perché sur un piton isolé dans la plaine.
Ce sont les affluents méridionaux de la rive droite du Rhône qui ont découpé cette région faite d'un ensemble de plateaux calcaires pittoresques sur lesquels domine la garrigue. Ces rivières et leurs affluents tantôt forment des gorges sauvages et souvent difficiles d'accès, telles celles de l'Aiguillon et du Merderis, tantôt s'ouvrent en combes au bord desquelles les mas et les hameaux se sont installés formant ainsi le pays de Lussan « la Lussannenque ».
Dès le IIème siècle naît Lussan (le suffixe AN étant latin) en tant que « Domaine de Lucius » durant la période gallo-romaine. Une statue en bas relief, actuellement dans le hall du château de la mairie, sculptée par un artiste Gallo-romain au IIIe siècle fut retrouvée à la source de Fan (fanum = temple gallo-romain).
L'époque romane et le début du Moyen Age ont été des périodes d'extension de la population et de défrichements. Un certain nombre de hameaux et de mas se développe. Cette période est évidemment marquée par la fortification du site de Lussan sous l'impulsion des seigneurs du lieu, les Audibert dont la famille seigneuriale va lier son nom à celui de Lussan pendant plus de cinq siècles.
Ce nom de Lussan apparaît pour la première Croisade, en l'occurrence Aldebert de Lussan. Ce sont ses descendants qui vont achever de fortifier le château du Verger du XIIème dont il ne reste que quelques restes de remparts au nord du village, un puits et une chapelle maintenant privée. Les Audibert construisent par la suite le château du XVème, ainsi que le Château de Fan au bas du village qui leur servait de villégiature.
La Seigneurie passera Comté de Lussan en 1647 du fait de son soutien à la royauté et à leur conversion au catholicisme. Restant plutôt à la cour royale que dans leur fief, les Audibert ne reviennent plus qu'épisodiquement à Lussan pour entretenir leurs châteaux, mais surtout pour vendre peu à peu leurs biens, en égard d'une vie de cour très onéreuse.
Gabrielle d'Audibert de Lussan, fille du comte Jean d'Audibert, épousera le 20 juillet 170l le duc d'Albermale, fils illégitime de Jacques II Stuart, roi d'Angleterre. Ce mariage sera célébré à la chapelle de Versailles en présence de Jacques II et de Louis XIV qui signera ce contrat de mariage.
Le duc d'Albermale, commandant les galères de la Méditerranée décédera très jeune à 33 ans. Gabrielle se remariera en 1708 avec un autre Anglais, le duc de Melfort entraînant une migration de fait des Audibert vers l'Angleterre, la Révolution mettant un terme à la domination de la famille sur Lussan.
Vers 1550, la Réforme touche Lussan comme partout en France, entraînant par la suite clivages et conflits.
Avec l'Édit de Nantes la paix revient entres catholiques et protestants, écourtée malheureusement par la remise en cause de Louis XIV.
Le pouvoir royal fait abattre le temple en 1685. La Révocation de l'Édit de Nantes bouleverse les mentalités et les comportements : Cévennes et Languedoc se soulèvent, Lussan est touché de plein fouet par la guerre des Camisards car la région du Mont,Bouquet, ce dernier devenant rapidement un lieu stratégique de la résistance et de la révolte.
Les Lussanais vont accepter les idées nouvelles et les aspirations, que la Révolution concrétisera, sans qu'ils approuvent les débordements de La Terreur. Les principaux notables de la communauté comme les Chastanier et les Gide rédigent les cahiers de doléances. Lussan est promu chef-lieu de canton.
Les biens des Audibert seront portés comme bien d'émigrés et vendus. La commune achètera le château du XVe, aujourd'hui le siège de la Mairie.
À la même période, Théophile Gide, grand père de l'économiste Charles GIDE et arrière grand père de l'écrivain André GIDE, achètera le château de Fan des Audibert.
C'est l'époque des dragonnades, des conversions forcées, avec leur cortège d'exactions, pendant que les assemblées du Désert se multiplient. En octobre 1703 une bataille meurtrière se déroule aux pieds de Lussan entre les Camisards conduits par Cavalier lui-même et les troupes royales. Certains Lussannais connaîtront les prisons, les galères ou l'exil, mais le protestantisme ne disparaîtra pas de la Lussannenque au cours du XVIIIéme siècle.
Lussan atteint son apogée avec le développement de la production de la soie. La population dépasse les 1600 habitants. On plante des mûriers, les mas se remplissent de magnaneries, trois filatures vont fonctionner à Lussan. L'ouverture des frontières à la soie pratiquée par le second Empire va ruiner cette industrie. Les conséquences de la Grande Guerre de 1914-1918 contribueront par la suite à une désertification progressive et inoxerable du pays de Lussan, malgré une agriculture encore très présente actuellement.
Aujourd'hui Lussan et ses hameaux prennent conscience de la richesse de leur patrimoine culturel, de leurs atouts climatiques qui en font une destination touristique et de villégiature très appréciée, avec également l'arrivée de nouveaux résidents travaillant localement et permettant le développement de nouveaux services.
Le pays de Lussan présente sur le plan préhistorique et géologique des lieux magnifiques à découvrir. Le Menhir, la Pierre Plantée et les gorges des Concluses témoignent de la présence d'hommes durant la période celtique ainsi que d'habitats (grottes etc.).