par Roger Lun 20 Oct - 14:52Soeur Emmanuelle nous a quittés
Soeur Emmanuelle, qui avait dédié sa vie aux plus pauvres, notamment au Caire, est décédée lundi à l'âge de 99 ans, a indiqué dans un communiqué Trao Nguyen, président d'Asmae-Association Soeur Emmanuelle.
Soeur Emmanuelle, née Madeleine Cinquin, voit le jour à Bruxelles le 6 novembre 1908. Son enfance, entre Paris, Londres et Bruxelles, est marquée par la mort de son père, qui se noie sous ses yeux. Elle n'a que 6 ans. Jeune fille coquette, elle renonce aux plaisirs et prend le voile, certaine que c'est en suivant le Christ qu'elle pourra changer le sort des enfants malheureux. Son diplôme en sciences philosophiques et religieuses en poche, elle part en Turquie où elle enseigne jusqu'à 62 ans. Tout au long de ces années, elle s'attache à sensibiliser ses élèves - souvent aisés -, aux difficultés des populations démunies.
Plus déterminée que jamais, la retraite venue, elle décide de vivre pour et avec les pauvres. À 62 ans, elle a un "coup de foudre" pour l'Égypte et s'installe au Caire avec les chiffonniers d'un bidonville. Pendant près de 20 ans, elle améliore leurs conditions de vie en créant dispensaires, maternités et écoles. Elle reçoit par ailleurs la nationalité égyptienne. En 1980, elle crée l'Asmae-Association, une ONG qu'elle veut apolitique et non confessionnelle."Dire : Tu es chrétien, je t'aide ; tu es musulman, je ne t'aide pas, ce n'est pas possible ! Notre but, c'est de soutenir toute personne en difficulté, quelles que soient sa culture et sa religion." Asmae étend ses activités, entre autres, en Égypte, au Sénégal, au Liban, au Burkina Faso et au Soudan.
À la demande de ses supérieures, elle rentre en France en 1993 et décide que son association doit y être également présente. Elle écrit alors trois ouvrages sur sa foi inébranlable, dont Yalla : en avant les jeunes , en 1997. Le 1er janvier 2002, soeur Emmanuelle est promue au grade de commandeur de la Légion d'honneur. Le grand public apprécie beaucoup cette personnalité haute en couleur, qui n'a pas sa langue dans sa poche et tutoie les grands de ce monde.
Lorsqu'elle est interrogée sur les révélations posthumes concernant la foi troublée de Mère Teresa qui doutait de l'existence de Dieu, elle revient sur ses propres tourments. "Je sais que c'est terrible. Moi j'ai tenu deux ans. Mais cinquante..." , avoue-t-elle. C'est à Istanbul que le doute s'est installé. Alors étudiante de philosophie, elle rencontre des professeurs juifs et musulmans de haut niveau. Ce n'est qu'en lisant plus tard Pascal qu'elle trouve un certain soulagement. "Que j'étais donc orgueilleuse de vouloir tout comprendre ! La foi est une affaire de coeur, la foi vient des tripes", confie-t-elle dans un entretien au Monde .
"Yalla !" Ce mot arabe qui signifie "Allez, va de l'avant" ; l'ancienne chiffonnière du Caire l'employait souvent pour décrire son action et sa détermination. Une association apolitique, des positions tranchées, un franc-parler et un tutoiement déconcertants... Soeur Emmanuelle choquait parfois les milieux catholiques. Interrogée en juin 2008 sur le départ de PPDA de TF1, elle avait répondu : "Dommage, c'est un bon copain, je ne comprends pas pourquoi on se débarrasse de lui." Toujours énergique et naturelle, elle affirmait volontiers son goût pour le ballon rond : "J'aime le foot, ça me prend les tripes."
Soeur Emmanuelle vivait depuis plusieurs années dans une maison de retraite dans le Var et se déplaçait en chaise roulante. Celle qui avait gardé toute sa vivacité intellectuelle devait avoir 100 ans le 16 novembre. Elle continuait à parler de la marche du monde et des coeurs des hommes, de la vie et de la mort, ce "merveilleux rendez-vous" avec Dieu qu'elle aimait. Elle disait se moquer de savoir si elle fêterait son centenaire car ce qui comptait pour elle, c'est que les gens continuent à faire des dons à son association.
Soeur Emmanuelle, qui avait dédié sa vie aux plus pauvres, notamment au Caire, est décédée lundi à l'âge de 99 ans, a indiqué dans un communiqué Trao Nguyen, président d'Asmae-Association Soeur Emmanuelle.
Soeur Emmanuelle, née Madeleine Cinquin, voit le jour à Bruxelles le 6 novembre 1908. Son enfance, entre Paris, Londres et Bruxelles, est marquée par la mort de son père, qui se noie sous ses yeux. Elle n'a que 6 ans. Jeune fille coquette, elle renonce aux plaisirs et prend le voile, certaine que c'est en suivant le Christ qu'elle pourra changer le sort des enfants malheureux. Son diplôme en sciences philosophiques et religieuses en poche, elle part en Turquie où elle enseigne jusqu'à 62 ans. Tout au long de ces années, elle s'attache à sensibiliser ses élèves - souvent aisés -, aux difficultés des populations démunies.
Plus déterminée que jamais, la retraite venue, elle décide de vivre pour et avec les pauvres. À 62 ans, elle a un "coup de foudre" pour l'Égypte et s'installe au Caire avec les chiffonniers d'un bidonville. Pendant près de 20 ans, elle améliore leurs conditions de vie en créant dispensaires, maternités et écoles. Elle reçoit par ailleurs la nationalité égyptienne. En 1980, elle crée l'Asmae-Association, une ONG qu'elle veut apolitique et non confessionnelle."Dire : Tu es chrétien, je t'aide ; tu es musulman, je ne t'aide pas, ce n'est pas possible ! Notre but, c'est de soutenir toute personne en difficulté, quelles que soient sa culture et sa religion." Asmae étend ses activités, entre autres, en Égypte, au Sénégal, au Liban, au Burkina Faso et au Soudan.
À la demande de ses supérieures, elle rentre en France en 1993 et décide que son association doit y être également présente. Elle écrit alors trois ouvrages sur sa foi inébranlable, dont Yalla : en avant les jeunes , en 1997. Le 1er janvier 2002, soeur Emmanuelle est promue au grade de commandeur de la Légion d'honneur. Le grand public apprécie beaucoup cette personnalité haute en couleur, qui n'a pas sa langue dans sa poche et tutoie les grands de ce monde.
Lorsqu'elle est interrogée sur les révélations posthumes concernant la foi troublée de Mère Teresa qui doutait de l'existence de Dieu, elle revient sur ses propres tourments. "Je sais que c'est terrible. Moi j'ai tenu deux ans. Mais cinquante..." , avoue-t-elle. C'est à Istanbul que le doute s'est installé. Alors étudiante de philosophie, elle rencontre des professeurs juifs et musulmans de haut niveau. Ce n'est qu'en lisant plus tard Pascal qu'elle trouve un certain soulagement. "Que j'étais donc orgueilleuse de vouloir tout comprendre ! La foi est une affaire de coeur, la foi vient des tripes", confie-t-elle dans un entretien au Monde .
"Yalla !" Ce mot arabe qui signifie "Allez, va de l'avant" ; l'ancienne chiffonnière du Caire l'employait souvent pour décrire son action et sa détermination. Une association apolitique, des positions tranchées, un franc-parler et un tutoiement déconcertants... Soeur Emmanuelle choquait parfois les milieux catholiques. Interrogée en juin 2008 sur le départ de PPDA de TF1, elle avait répondu : "Dommage, c'est un bon copain, je ne comprends pas pourquoi on se débarrasse de lui." Toujours énergique et naturelle, elle affirmait volontiers son goût pour le ballon rond : "J'aime le foot, ça me prend les tripes."
Soeur Emmanuelle vivait depuis plusieurs années dans une maison de retraite dans le Var et se déplaçait en chaise roulante. Celle qui avait gardé toute sa vivacité intellectuelle devait avoir 100 ans le 16 novembre. Elle continuait à parler de la marche du monde et des coeurs des hommes, de la vie et de la mort, ce "merveilleux rendez-vous" avec Dieu qu'elle aimait. Elle disait se moquer de savoir si elle fêterait son centenaire car ce qui comptait pour elle, c'est que les gens continuent à faire des dons à son association.
