L'écrivain français Jean-Marie Gustave Le Clézio
a reçu jeudi la consécration du Nobel de littérature
pour une oeuvre dominée par les thèmes du voyage,
de l'exil et de la nostalgie des mondes primitifs.
Le Clézio, 68 ans, était considéré depuis des années comme un lauréat potentiel
et son nom circulait avec insistance cette fois-ci dans les cercles littéraires suédois.
"Je suis très ému et très touché", a-t-il dit dans une interview en français à la radio publique suédoise.
"C'est un grand honneur pour moi", a-t-il ajouté.
Les derniers lauréats français sont l'écrivain d'origine chinoise Gao Xingjian en 2000
et Claude Simon, grande figure du Nouveau roman, en 1985.
Né le 13 avril 1940 à Nice, dans le sud de la France, d'une famille émigrée à l'Ile Maurice au 18e siècle,
Jean-Marie Le Clézio est considéré comme un des maîtres de la littérature francophone contemporaine.
Son écriture est classique, simple mais raffinée, colorée.
Il a reçu entre autres le prix Renaudot en 1963 pour son ouvrage "Le procès-verbal".
Il était alors âgé de 23 ans.
Le romancier a beaucoup voyagé depuis sa jeunesse, Etats-Unis, Thaïlande en tant que coopérant,
Mexique et a été employé dans les années 70 par l'Institut d'Amérique latine en Amérique centrale.
L'écrivain français Jean-Marie Gustave Le Clézio à Paris le 9 octobre 2008. Agrandir l'image
J.M.G Le Clézio a notamment écrit "La fièvre", "L'extase matérielle", "Terra amata", "Le livre des fuites", "La guerre", "Désert"
(peut-être son chef d'oeuvre), "Le chercheur d'or", "Onitsha", "Etoile errante", "Le poisson d'or", "Révolutions", "Ourania" et,
en 2008, "Ritournelle de la faim".
Marié et père de deux filles, il vit à Albuquerque dans l'Ouest des Etats-Unis
mais vient souvent à Nice et dans sa maison bretonne de la baie de Douarnenez.
Ce nomade n'est pas un ermite. Il est notamment membre du jury d'un des prix littéraires les plus célèbres en France, le Renaudot.
Le Clézio recevra un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1,02 million d'euros).
Deux autres Français ont reçu cette année un Nobel, les chercheurs Luc Montagnier
et Françoise Barré-Sinoussi en médecine pour leurs recherches sur le virus du sida.
Une petite merveille que le dernier Le Clézio paru début octobre, "Ritournelle de la faim"
L'auteur y dessine un portrait attachant de sa mère, inspiratrice de l'héroïne du livre : Ethel, adolescente dans les années 30, toute jeune fille lorsqu'éclate la guerre.
La famille d'Ethel est dominée par la figure du père, Alexandre, venu de l'île Maurice à Paris dilapider sa fortune, celle de sa femme, puis celle de sa fille.
Sur le choix de ce magnifique portrait de femme, l'auteur s'explique ainsi, en conclusion : "J'ai écrit cette histoire en mémoire d'une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans".
-> "Ritournelle de la faim" J.M.G. Le Clézio, Gallimard, 18 euros.