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    Sénégal, la mendicité, les Talibés, Les Baye-Fall

    Roger
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    Message par Roger Lun 21 Avr - 0:27

    La mendicité au Sénégal

    Ce phénomène frappe durement le visiteur étranger dès qu'il met le pied au Sénégal. Les mendiants sont innombrables, de tous sexes et de tous âges. Des vieux lépreux aux pauvres enfants exploités par les marabouts sans foi ni loi, la communauté est sans cesse sollicitée par de pauvres gens sans ressources. Quand on connait la pauvreté du pays et de ses habitants, on peut aisément comprendre l'extrême dénuement de cette frange miséreuse de la population. Plusieurs éléments peuvent expliquer ce nombre de mendiants qui croit de façon exponentielle.
    Je le sais pour le vivre sans cesse , tous les jours lorsque je vais au pays. Il suffit de sortir la voiture du garage pour aller en ville. Lorsque je me gare, où que ce soit et à n'importe quelle heure du jour et de la soirée, je suis accosté par un ou plusieurs gosses, des mendiants de tous age, des femmes aussi mais plus rarement car elles sont dignes et si elles mendient c'est qu'elles sont aveugles et accompagnées par l'un de leurs enfants, eh oui! cette infirmité n'empèche pas d'avoir des enfants. " Toubab, donne cadeaux " , ou tout simplement " Cadeau " en tendant la main. Oui, tout cela est vrai et bien réel. Tu disais, Robinson, dans l'un de tes derniers "post" qu'il fallait préférer la nourriture à l'argent mais parfois il faut donner de l'argent. J'ai toujours une multitude de petites pièces sur moi pour donner de temps en temps , pas tout le temps car il ne faut pas donner l'habitude. Il faut savoir être là, de temps en temps, souvent suivant les périodes et pas toujours au même endroit. C'est tout un savoir faire qu'il faut savoir pratiquer au sénégal pour être respecté et convenir au moule de la cohabitation. Pas facile, non !... Il n'y a rien d'exagéré dans ce qui va suivre. Tout ce qui est dit est vrai. Mon père donne. Il donne a ses pauvres comme il dit. Mais il donne aussi aux autres, parfois à tout le monde mais aux enfants il ne donne pas. Il dit aux enfants d'aller voir leurs parents alors qu'il sait bien que ces enfants sont donnés par leurs parents aux marabouts et qu'ils sont obligés de mendier toute la journée pour obtenir une certaine insertion au sein de la communauté dans laquelle ils sont contraints d'exister. Je ne sais pas exactement ce qu'ils sont obligés de ramener chaque jour parce que je n'ai jamais mené d'enquête approfondie sur le sujet mais je sais qu'il y a parfois maltraitance, mais de qui?. Tout le problème est là.
    Je disais que mon père a ses pauvres et il ne les cherche pas. Il les croise parfois et donne comme à l'habitude. Lorsqu'il fait ses courses il n'achète pas tout chez le même petit marchand ou plutot la même marchande puisqu'il préfère les femmes aux hommes qu'il rend responsables de cet état de fait. Il achête un peu à toutes pour que le chiffre d'affaire soit réparti et change régulièrement de coin au marché. Cependant, les malades de tout sex ont droit au même don. Nous sommes tous égaux devant la mort dit-il et leur maladie ils ne l'ont pas choisi.
    C'est intéressant de l'observer et de le suivre dans ses achats. Je m'inspire toujours de ses actes pour agir comme lui quand je vais seul aux courses. Je ne change rien pour qu'ils nous confondent un jour et que je n'ai pas à refaire ce qu'il a laissé comme empreinte pour me fondre définitivement dans cette population. Ne souriez pas, c'est tout un apprentissage et il est long car à chaque jour sa misère différente et ses méthodes. Nous ne sommes pas la bas pour dilapider nos sous ni pour changer le monde. Nous y sommes parce que ce pays mérite d'être vécu et que ses habitants sont adorables quand on les connait bien. Nous y sommes aussi parce que cette distribution de dons et ces achats divers et multiples sont autant de devises qui rentrent dans leurs poches pour vivre tout simplement. Ces mendiants sont donc:.
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    Les handicapés :
    à l'instar de l'ensemble des pays sous-développés (peut-on qualifier les pays africains de "en voie de développement" quand on voit la manière chronique dans laquelle ils s'installent dans la pauvreté ?) le Sénégal n'a pas de loi, ni évidemment de financement pour protéger les handicapés. Des miséreux dont les membres sont rongés par la lèpre jusqu'aux aveugles et aux martyrs de la poliomyélite, le spectacle est hélas omniprésent et quotidien. Ces pauvres gens sont forcés, pour avoir un revenu et ne pas dépendre d'une famille parfois très pauvre, de mendier dans la rue. Et pour qu'ils ne soient pas ou moins isolés, les familles ayant un lépreux se sont regroupées dans un village où la cohabitation est parfaite
    J'ai visité le village des lépreux au sud de Mbour. Cliquez sur ce lien pour lire ce que j'y ai vécu avec ma femme.



    Le travail étant une denrée rare pour les valides, les handicapés ont hélas très rarement l'occasion de trouver un travail. Quelques ONG oeuvrent dans ce sens en proposant à ces invalides des travaux de confection dans des ateliers de réintégration. Mais c'est rare. La solidarité de la communauté doit donc permettre aux plus courageux d'avoir un petit revenu de subsistance. Dans la rue ou aux arrêts de cars rapides, le Sénégalais est donc sollicité. L'aumône étant dans la tradition islamique une règle, les Sénégalais donnent donc assez souvent une pièce de 5, 10 ou 25CFA à ces handicapés. Le plus triste vient du fait qu'il n'est pas rare, notamment pour les aveugles, de voir les invalides accompagnés d'un gosse qui leur sert de guide au lieu d'aller à l'école... le cercle vicieux de la misère. Il est à noter qu'ici encore, la mendicité des handicapés est très différentes suivant les communautés ethniques. Vous verrez ainsi rarement un Casamançais (qu'il soit diola, balante, manjak ou mankagne) mendier dans la rue, et ce à la fois pour des raisons de fierté, de religion et de tradition.

    Les femmes :
    Si la condition féminine au Sénégal est enviable au regard de celle constatée dans d'autres pays d'Afrique musulmane comme le Mali, le Niger, le Nigeria, etc... les femmes veuves ou divorcées, les mères sans mari, sont véritablement mises au banc de la société. Encore une fois, les aides pour ces personnes particulièrement nécessiteuses sont nulles. La solidarité nationale n'a pas les moyens... Alors qu'un petit capitale de 100€ suffirait à créer un petit commerce dans le secteur informel, ces femmes sont réduites à la mendicité si leur âge et leur condition physique ne les poussent pas à la prostitution. Il est quasiment impossible à une mère de famille célibataire de s'en sortir seule au Sénégal. La mendicité reste donc un des seuls recours. Alors que le milieu rural dont les traditions sociales empêchent ce fléau est peu touché, les villes sont pleines de ces femmes mendiantes souvent condamnées à ce statut à vie.


    Les talibés : .
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    véritable fléau national, le scandale des talibés a ému la communauté internationale depuis des années. Les talibés sont des gosses issus la plupart du temps de familles musulmanes miséreuses et placés par les parents chez un petit marabout escroc qui en échange de leur pseudo instruction au Coran, du couvert et du logis sont censés recueillir l'aumône dans la rue quelques heures par semaine. La réalité est toute autre. Certains marabouts accueillent plusieurs dizaines de gosses parfois d'à peine 4 ou 5, les maltraitent, ne les soignent pas, les nourrissent au lance-pierre et les font mendier 7 jours sur 7, durant toute la journée, voir même la nuit. Le résultat est éloquent : les milliers d'enfants en haillons, mal nourris, sales, pied-nus, souvent malades qui courent les rues à la recherche des quelques CFA qui leur permettront de ne pas se faire cogner par leur tortionnaire en arrivant "à la maison". Combien sont-ils ? Les ONG évaluent leur nombre à plus de 150 000 à travers le pays. Ces pauvres enfants fournissent évidemment dès l'adolescence l'essentiel de la criminalité du pays. Comment en serait-il autrement quand arrivés à 15 ans, ils n'ont appris aucun métier, ne savent ni lire ni écrire (même pas l'arabe d'ailleurs...) et ont rompu les liens qui les unissaient à leur famille ? Ce scandale typiquement sénégalais poussent des centaines de milliers de gosses à une misère certaine et le pays à devenir un coupe-gorge à brève échéance. Encore une fois, il est important de souligner le caractère forcément religieux du problème des talibés ainsi que son caractère régional, n'en déplaise aux bien-pensants et aux politiquement corrects : les communautés casamançaises n'envoient que très rarement leurs enfants à cette petite mort, qu'ils soient musulmans ou non. Les quelques rares talibés de Ziguinchor sont d'ailleurs issus de familles du Nord du Sénégal. Il en est de même pour les musulmans orthodoxes du pays, principalement les Peulhs. Le problème des talibés est donc principalement un problème confrérique.
    - Un bon site résumant parfaitement la situation catastrophique des talibés et l'origine maraboutique du phénomène.

    http://membres.multimania.fr/talibes/


    Dernière édition par Roger le Dim 18 Jan - 17:41, édité 3 fois
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    Message par Roger Lun 21 Avr - 0:28

    Les Baye-Fall :
    qui sont ces troubadours que vous voyez demander l'aumône partout dans le pays ? Souvent habillés d'un grand boubou en patchwork multicolore et affublés de grigris en tous genres, ils se laissent pousser les cheveux à la façon dreadlocks des rastafaris. Ce sont avant tout des Mourides, disciples ou plutôt Talibans (talibés) des marabouts mourides. Il se disent descendant de Cheikh Ibra Fall, appelé aussi Lamp Fall ou Baye Fall (Baye signifiant «père») qui lui-même était le compagnon du grand Cheikh Amadou Bamba, le premier des Serigne Touba. C'est à ce titre qu'ils ne font que rarement le jeûne du Ramadan. Cheikh Amadou Bamba, pour remercier son disciple, exempta Lamp Fall du jeûne pour le récompenser de ses services. Ses descendants de fait en sont exempts. Ils ont leur propre conception de l'islam. Un islam plutôt libéral puisqu'il n'est pas rare de les voir fumer la Yamba (le chanvre indien sénégalais). Comme Cheikh Ibra Fall, ils ne vivent que par et pour leur marabout qui les loge et les nourrit. Tout le produit de leur mendicité va d'ailleurs à ces marabouts. En plus de cette tâche quotidienne, ils se rendent chaque année dans les champs d'arachide des marabouts et cultivent gratuitement durant toute la saison des pluies. D'un naturel souriant et bon enfant, ils sont malgré tout bornés et n'allez surtout pas discuter religion avec eux sous peine d'en avoir pour plusieurs heures de monologue montrant la véracité de leur foi. Ils sont pour la plupart issus d'une classe moyenne sénégalaise dont les jeunes privés de travail voient dans cette dévotion au marabout un moyen de donner un sens à leur vie. Certains restent dans la capitale et principalement sur l'avenue Pompidou très fréquentée des Européens. Mais la plupart sillonne le pays à pieds recevant la charité, le gîte et le couvert de la population. Parfois vous verrez de véritables manifestations composées d'un groupe d'une vingtaine (ou plus) de Baye Fall chantant et jouant de diverses percussions.

    L'attitude à avoir en tant qu'étranger : beaucoup se posent la question de savoir si il faut donner ou pas. Sachez tout d'abord qu'on ne vous demande pas l'aumône parceque vous êtes Blanc. Les Sénégalais sont aussi sollicités que vous même s'il est vrai qu'on espèrera d'un Européen un peu plus que d'un Sénégalais. Je pense personnellement que devant la déroute d'un système national envers ses indigents, il est utile de participer à l'effort social. Ainsi, alors que je désapprouve totalement les "dons" gratuits envers les pseudo guides, les attrapes-touristes, les "coté-men" et autres colle-baskets, je vous conseille de donner de temps en temps une piécette à ceux qui vous demandent l'aumône. Évidemment, l'erreur est de donner un billet puisque cela fait de vous une vache à lait. Un pièce, quelle qu'elle soit suffira de toutes les manières. Quand il s'agit de talibés qui sont souvent en groupe, donner 100CFA à l'un en lui faisant comprendre qu'il devra partager avec ses copains d'infortune est une solution anti-bagarre. Ils partageront toujours car ces pauvres gosses sont encore d'une gentillesse et d'une solidarité à toute épreuve. Je vous conseille si vous en avez le temps ou l'occasion, notamment dans les gares routières, de préférer leur donner un "travail" d'une minute du genre "va m'acheter une canette de Coca ou un paquet de mouchoirs" et le payer pour ce service plutôt que de donner de l'argent comme ça. Vous verrez en outre très souvent dans les boîtes de conserve des mendiants des morceaux de sucre et du riz. Il s'agit de pénitence encore une fois recommandée par la religion musulmane et qui recommande au croyant de donner aux plus démunis des aliments en réparation d'éventuels pêchers.

    http://www.senegalaisement.com/senegal/mendicite.html
    http://www.senegalaisement.com/senegal/religion.html


    Les talibés rassemblent la plus grande partie des enfants de la rue ( Ils sont au nombre de 6300 à Dakar ). Ce sont des garçons âgés de trois à environ quatorze ans, venant principalement des régions en crise au Sénégal et aussi, de nos jours, des pays frontaliers comme le Mali, la Guinée ou la Gambie : les talibés non-migrants à Dakar ne représentent que 3,11%des talibés dakarois. Ils sont envoyés chez des marabouts afin de suivre une éducation coranique accompagnée d'une initiation pratique à la vie communautaire et de l'acquisition du sens de l'humilité, de la vie ascétique, et de l'endurance à toute sorte d'épreuve. En contrepartie, les marabouts reçoivent des biens matériels, des prestations de services et aussi de l'aide potentielle de leurs élèves à leur profit, comme les travaux domestiques...


    Mon père y vit dans ce pays 7 mois de l'année depuis plus de 25 ans et quand j'y vais, je ne souhaite pas jouer les " zorro " si je puis m'exprimer ainsi.
    Ne rien faire pour perturber les habitudes locales et parentales. Ne rien modifier à ce qui existe pour rester dans des normes acceptables et comprises.
    Donner en abondance parce qu'on a les moyens de le faire n'est pas une solution durable car tout se sait au Sénégal. Le TAM TAM fonctionne bien et j'ai le souvenir pas si lointain de la voisine de mon père, Martine, la quarantaine, très gentille qui jouait à Mère Thérésa, recevant les enfants du quartier, offrant deci delà des bonbons, des cacahuettes , des journaux, du matériel scolaire et j'en passe. Elle avait même pris sous sa coupe, des enfants dont elle payait les cours. Le portail était toujours accessible aux gens et bien entendu le TAM TAM a fonctionné car les enfants parlent, se confient et ce sont les adultes qui exploitent ces renseignements.
    Eh bien ils l'ont fait et un soir, alors qu'elle dormait, des individus sont entrés chez elle et c'est à la machette qu'elle a été maitrisée. Elle a du attendre que l'appartement soit totalement vidé de son contenu de valeur avant de pouvoir aller chercher du secours. Je t'épargnerai les détails de ses blessures. Elle a eu de la chance d'être encore en vie. Je l'avais pourtant prévenue plusieurs fois et j'avais alerté mon père qui le lui a aussi dit.
    Elle veut vendre aujourd'hui et s'affaire pour cela. Pas facile de vendre vite sans être sur place.
    Mon père le dit tout le temps qu'il faut être bon et ne jamais afficher de richesse. Il faut répondre aux gens qui sonnent chez toi mais les laisser dehors pendant tout le dialogue si tu ne les connais pas. Le gardien est là pour t'assurer une tranquilité sans faille. Ce soir là, elle n'avait pas de gardien, il avait demandé exceptionnellement congé... Bizarre, non?. Elle l'a viré sans autre forme de procès.
    Tout ceci n'arrive pas plus qu'en france. Il ne faut pas afficher la volonté d'ouvrir ses portes à tout le monde et montrer de fait son confort matériel. On peut vivre aisément au sénégal sans être agressé, tout comme en France et ailleurs. Il faut simplement rester discret.
    Ceci pour en revenir au sujet qui nous concerne à savoir qu'il faut donner mais ponctuellement et savoir se faire prier.
    Moi j'ai tendance à donner spontanément, j'ai un grand coeur. Tout le monde me le dit et mon père n'arrête pas de me dire " pourquoi tu donnes?. Attends qu'on te demande et si tu peux ou veux donner, alors là tu donnes mais attends...
    Au marché mon père et moi négocions tout, c'est la règle au pays. Une fois le prix convenu on fait l'affaire et bien souvent nous laissons la monnaie à la vendeuse ou le vendeur suivant le cas.
    C'est une démarche appréciée mais nous ne le faisons pas tout le temps. Seulement quand le contact a été bon et que nous sentons qu'il faut faire un petit geste vis à vis de la commerçante.
    Maintenant les enfants, ça c'est un vrai problème de conscience. Pourtant il faut être prudent car ils revendent ce que tu leur a donné pour transformer ce don en argent. Ils doivent ramener de l'argent... Il faudrait donc les obliger à ingurgiter la banane ou le pain, bref ce que tu leur a donné, devant nous... Pas facile de faire cela... Les adultes sont musulmans et croyants. Les Talibés et Bail fall font partie intégrante du paysage quotidien. Il faut croire en un marabout. Il est là le problème.
    Tu sais, je crois que nous devrions balayer devant notre porte, nous aussi les occidentaux.. Nous avons nos sectes et autres églises evangéliques qui prêtent le flanc à des remarques.

    http://membres.multimania.fr/talibes/Talibes.htm



    Enfants de la rue :
    Un « restaurant du cœur » ouvert à Kolda




    Grâce à l’appui de son partenaire Hope for African Children (Hacil/Sénégal), l’Ong « La Lumière » accueille tous les jeudis les enfants de la rue dans son centre installé dans la commune de Kolda. Des repas sont servis gratuitement à ces enfants au « restaurant du cœur ».

    Ces dernières années, le nombre de talibés dans les rues de Kolda a sensiblement augmenté. Partout dans les rues, au marché, devant les bureaux des services, on les rencontre enfoncés dans leurs habits déchirés et sales, avec à la main une sébile qui leur sert à recueillir toutes sortes de dons. Ces enfants sont exposés aux rigueurs de la chaleur torride qui règne en maîtresse absolue depuis la fin du mois de février. Ils sont à la merci des dangers de la rue qui ont pour noms : violence, drogue, tabagisme, vol, choléra, sida, etc. Les maîtres coraniques leur consacrent un temps infime, très insuffisant pour leur inculquer le savoir et le savoir-être.

    L’Ong « la Lumière », a compris que ces enfants des rues de Kolda ont besoin de soutien, surtout qu’aucune structure spécialisée dans leur prise en charge n’est présente dans la capitale du Fuladu. Son secrétaire exécutif, Ibrahima Sory Diallo, lors d’une opération de retour en famille organisée à partir de Tambacounda vers un village de la région de Kolda, a décidé de combler ce vide. Son Ong a aussitôt ouvert une antenne dont l’objectif est de récupérer tous les enfants en situation difficile qui, en général, séjournent dans la ville de Kolda avant leur convoi dans les villes du centre et du nord du pays. C’est ainsi qu’un centre d’accueil a été installé dans le quartier Sikilo de la commune de Kolda. Ce centre accueille presque tous les jours des enfants en situation difficile pour leur donner le gîte, la nourriture et un peu de réconfort moral, le temps de permettre au personnel de recueillir des informations permettant l’identification de la famille d’origine. Une fois sa famille identifiée, l’enfant est encouragé à y retourner. Dans la plupart des cas, les enfants signalent des obstacles à ce retour : violence corporelle provoquée par un parent, divorce, pauvreté... Ce qui nécessite un programme d’accompagnent et de réinsertion afin de redonner confiance à l’enfant.

    Le nombre d’enfants en situation difficile augmente à tel point qu’ils ne peuvent pas tous être accueillis dans le centre. L’Ong a décidé d’ouvrir chaque jeudi ce que ses agents appellent « le restaurant du cœur ». A midi, un repas copieux, fait à base de produits locaux, leur est servi avant une séance de causerie sur les dangers de la rue. Les enfants apprennent ainsi à observer quelques règles d’hygiène pour se protéger contre certaines maladies. Ils sont aussi informés sur les dangers liés à la manipulation de certains objets dangereux. Le centre paye, au niveau des friperies, des vêtements lavés et repassés que les enfants portent avant de partir. Auparavant, tous les enfants portant une blessure passent dans une salle réservée aux soins médicaux. Les cas graves sont référés au centre de santé de Kolda.

    Le centre procède aussi à des visites à domicile au sein des « daaras » et développent des activités de sensibilisation en direction des marabouts pour les encourager à promouvoir des réflexes sur l’hygiène et la santé. Ces visites sont d’une grande utilité parce qu’elles favorisent l’installation d’un climat de confiance entre les agents du centre et les marabouts. Le centre a décidé de mettre en place une association des mères de « daara ». A terme, l’objectif du centre est de réduire au maximum le temps de mendicité en faveur des activités de formation professionnelle. Ainsi, les enfants pourraient apprendre des métiers comme la maçonnerie, la menuiserie, la teinture, etc.

      La date/heure actuelle est Lun 6 Mai - 16:04