La mendicité au Sénégal
Ce phénomène frappe durement le visiteur étranger dès qu'il met le pied au Sénégal. Les mendiants sont innombrables, de tous sexes et de tous âges. Des vieux lépreux aux pauvres enfants exploités par les marabouts sans foi ni loi, la communauté est sans cesse sollicitée par de pauvres gens sans ressources. Quand on connait la pauvreté du pays et de ses habitants, on peut aisément comprendre l'extrême dénuement de cette frange miséreuse de la population. Plusieurs éléments peuvent expliquer ce nombre de mendiants qui croit de façon exponentielle.
Je le sais pour le vivre sans cesse , tous les jours lorsque je vais au pays. Il suffit de sortir la voiture du garage pour aller en ville. Lorsque je me gare, où que ce soit et à n'importe quelle heure du jour et de la soirée, je suis accosté par un ou plusieurs gosses, des mendiants de tous age, des femmes aussi mais plus rarement car elles sont dignes et si elles mendient c'est qu'elles sont aveugles et accompagnées par l'un de leurs enfants, eh oui! cette infirmité n'empèche pas d'avoir des enfants. " Toubab, donne cadeaux " , ou tout simplement " Cadeau " en tendant la main. Oui, tout cela est vrai et bien réel. Tu disais, Robinson, dans l'un de tes derniers "post" qu'il fallait préférer la nourriture à l'argent mais parfois il faut donner de l'argent. J'ai toujours une multitude de petites pièces sur moi pour donner de temps en temps , pas tout le temps car il ne faut pas donner l'habitude. Il faut savoir être là, de temps en temps, souvent suivant les périodes et pas toujours au même endroit. C'est tout un savoir faire qu'il faut savoir pratiquer au sénégal pour être respecté et convenir au moule de la cohabitation. Pas facile, non !... Il n'y a rien d'exagéré dans ce qui va suivre. Tout ce qui est dit est vrai. Mon père donne. Il donne a ses pauvres comme il dit. Mais il donne aussi aux autres, parfois à tout le monde mais aux enfants il ne donne pas. Il dit aux enfants d'aller voir leurs parents alors qu'il sait bien que ces enfants sont donnés par leurs parents aux marabouts et qu'ils sont obligés de mendier toute la journée pour obtenir une certaine insertion au sein de la communauté dans laquelle ils sont contraints d'exister. Je ne sais pas exactement ce qu'ils sont obligés de ramener chaque jour parce que je n'ai jamais mené d'enquête approfondie sur le sujet mais je sais qu'il y a parfois maltraitance, mais de qui?. Tout le problème est là.
Je disais que mon père a ses pauvres et il ne les cherche pas. Il les croise parfois et donne comme à l'habitude. Lorsqu'il fait ses courses il n'achète pas tout chez le même petit marchand ou plutot la même marchande puisqu'il préfère les femmes aux hommes qu'il rend responsables de cet état de fait. Il achête un peu à toutes pour que le chiffre d'affaire soit réparti et change régulièrement de coin au marché. Cependant, les malades de tout sex ont droit au même don. Nous sommes tous égaux devant la mort dit-il et leur maladie ils ne l'ont pas choisi.
C'est intéressant de l'observer et de le suivre dans ses achats. Je m'inspire toujours de ses actes pour agir comme lui quand je vais seul aux courses. Je ne change rien pour qu'ils nous confondent un jour et que je n'ai pas à refaire ce qu'il a laissé comme empreinte pour me fondre définitivement dans cette population. Ne souriez pas, c'est tout un apprentissage et il est long car à chaque jour sa misère différente et ses méthodes. Nous ne sommes pas la bas pour dilapider nos sous ni pour changer le monde. Nous y sommes parce que ce pays mérite d'être vécu et que ses habitants sont adorables quand on les connait bien. Nous y sommes aussi parce que cette distribution de dons et ces achats divers et multiples sont autant de devises qui rentrent dans leurs poches pour vivre tout simplement. Ces mendiants sont donc:.
Les handicapés :
à l'instar de l'ensemble des pays sous-développés (peut-on qualifier les pays africains de "en voie de développement" quand on voit la manière chronique dans laquelle ils s'installent dans la pauvreté ?) le Sénégal n'a pas de loi, ni évidemment de financement pour protéger les handicapés. Des miséreux dont les membres sont rongés par la lèpre jusqu'aux aveugles et aux martyrs de la poliomyélite, le spectacle est hélas omniprésent et quotidien. Ces pauvres gens sont forcés, pour avoir un revenu et ne pas dépendre d'une famille parfois très pauvre, de mendier dans la rue. Et pour qu'ils ne soient pas ou moins isolés, les familles ayant un lépreux se sont regroupées dans un village où la cohabitation est parfaite
J'ai visité le village des lépreux au sud de Mbour. Cliquez sur ce lien pour lire ce que j'y ai vécu avec ma femme.
Le travail étant une denrée rare pour les valides, les handicapés ont hélas très rarement l'occasion de trouver un travail. Quelques ONG oeuvrent dans ce sens en proposant à ces invalides des travaux de confection dans des ateliers de réintégration. Mais c'est rare. La solidarité de la communauté doit donc permettre aux plus courageux d'avoir un petit revenu de subsistance. Dans la rue ou aux arrêts de cars rapides, le Sénégalais est donc sollicité. L'aumône étant dans la tradition islamique une règle, les Sénégalais donnent donc assez souvent une pièce de 5, 10 ou 25CFA à ces handicapés. Le plus triste vient du fait qu'il n'est pas rare, notamment pour les aveugles, de voir les invalides accompagnés d'un gosse qui leur sert de guide au lieu d'aller à l'école... le cercle vicieux de la misère. Il est à noter qu'ici encore, la mendicité des handicapés est très différentes suivant les communautés ethniques. Vous verrez ainsi rarement un Casamançais (qu'il soit diola, balante, manjak ou mankagne) mendier dans la rue, et ce à la fois pour des raisons de fierté, de religion et de tradition.
Les femmes :
Si la condition féminine au Sénégal est enviable au regard de celle constatée dans d'autres pays d'Afrique musulmane comme le Mali, le Niger, le Nigeria, etc... les femmes veuves ou divorcées, les mères sans mari, sont véritablement mises au banc de la société. Encore une fois, les aides pour ces personnes particulièrement nécessiteuses sont nulles. La solidarité nationale n'a pas les moyens... Alors qu'un petit capitale de 100€ suffirait à créer un petit commerce dans le secteur informel, ces femmes sont réduites à la mendicité si leur âge et leur condition physique ne les poussent pas à la prostitution. Il est quasiment impossible à une mère de famille célibataire de s'en sortir seule au Sénégal. La mendicité reste donc un des seuls recours. Alors que le milieu rural dont les traditions sociales empêchent ce fléau est peu touché, les villes sont pleines de ces femmes mendiantes souvent condamnées à ce statut à vie.
Les talibés : .
véritable fléau national, le scandale des talibés a ému la communauté internationale depuis des années. Les talibés sont des gosses issus la plupart du temps de familles musulmanes miséreuses et placés par les parents chez un petit marabout escroc qui en échange de leur pseudo instruction au Coran, du couvert et du logis sont censés recueillir l'aumône dans la rue quelques heures par semaine. La réalité est toute autre. Certains marabouts accueillent plusieurs dizaines de gosses parfois d'à peine 4 ou 5, les maltraitent, ne les soignent pas, les nourrissent au lance-pierre et les font mendier 7 jours sur 7, durant toute la journée, voir même la nuit. Le résultat est éloquent : les milliers d'enfants en haillons, mal nourris, sales, pied-nus, souvent malades qui courent les rues à la recherche des quelques CFA qui leur permettront de ne pas se faire cogner par leur tortionnaire en arrivant "à la maison". Combien sont-ils ? Les ONG évaluent leur nombre à plus de 150 000 à travers le pays. Ces pauvres enfants fournissent évidemment dès l'adolescence l'essentiel de la criminalité du pays. Comment en serait-il autrement quand arrivés à 15 ans, ils n'ont appris aucun métier, ne savent ni lire ni écrire (même pas l'arabe d'ailleurs...) et ont rompu les liens qui les unissaient à leur famille ? Ce scandale typiquement sénégalais poussent des centaines de milliers de gosses à une misère certaine et le pays à devenir un coupe-gorge à brève échéance. Encore une fois, il est important de souligner le caractère forcément religieux du problème des talibés ainsi que son caractère régional, n'en déplaise aux bien-pensants et aux politiquement corrects : les communautés casamançaises n'envoient que très rarement leurs enfants à cette petite mort, qu'ils soient musulmans ou non. Les quelques rares talibés de Ziguinchor sont d'ailleurs issus de familles du Nord du Sénégal. Il en est de même pour les musulmans orthodoxes du pays, principalement les Peulhs. Le problème des talibés est donc principalement un problème confrérique.
- Un bon site résumant parfaitement la situation catastrophique des talibés et l'origine maraboutique du phénomène.
http://membres.multimania.fr/talibes/
Ce phénomène frappe durement le visiteur étranger dès qu'il met le pied au Sénégal. Les mendiants sont innombrables, de tous sexes et de tous âges. Des vieux lépreux aux pauvres enfants exploités par les marabouts sans foi ni loi, la communauté est sans cesse sollicitée par de pauvres gens sans ressources. Quand on connait la pauvreté du pays et de ses habitants, on peut aisément comprendre l'extrême dénuement de cette frange miséreuse de la population. Plusieurs éléments peuvent expliquer ce nombre de mendiants qui croit de façon exponentielle.
Je le sais pour le vivre sans cesse , tous les jours lorsque je vais au pays. Il suffit de sortir la voiture du garage pour aller en ville. Lorsque je me gare, où que ce soit et à n'importe quelle heure du jour et de la soirée, je suis accosté par un ou plusieurs gosses, des mendiants de tous age, des femmes aussi mais plus rarement car elles sont dignes et si elles mendient c'est qu'elles sont aveugles et accompagnées par l'un de leurs enfants, eh oui! cette infirmité n'empèche pas d'avoir des enfants. " Toubab, donne cadeaux " , ou tout simplement " Cadeau " en tendant la main. Oui, tout cela est vrai et bien réel. Tu disais, Robinson, dans l'un de tes derniers "post" qu'il fallait préférer la nourriture à l'argent mais parfois il faut donner de l'argent. J'ai toujours une multitude de petites pièces sur moi pour donner de temps en temps , pas tout le temps car il ne faut pas donner l'habitude. Il faut savoir être là, de temps en temps, souvent suivant les périodes et pas toujours au même endroit. C'est tout un savoir faire qu'il faut savoir pratiquer au sénégal pour être respecté et convenir au moule de la cohabitation. Pas facile, non !... Il n'y a rien d'exagéré dans ce qui va suivre. Tout ce qui est dit est vrai. Mon père donne. Il donne a ses pauvres comme il dit. Mais il donne aussi aux autres, parfois à tout le monde mais aux enfants il ne donne pas. Il dit aux enfants d'aller voir leurs parents alors qu'il sait bien que ces enfants sont donnés par leurs parents aux marabouts et qu'ils sont obligés de mendier toute la journée pour obtenir une certaine insertion au sein de la communauté dans laquelle ils sont contraints d'exister. Je ne sais pas exactement ce qu'ils sont obligés de ramener chaque jour parce que je n'ai jamais mené d'enquête approfondie sur le sujet mais je sais qu'il y a parfois maltraitance, mais de qui?. Tout le problème est là.
Je disais que mon père a ses pauvres et il ne les cherche pas. Il les croise parfois et donne comme à l'habitude. Lorsqu'il fait ses courses il n'achète pas tout chez le même petit marchand ou plutot la même marchande puisqu'il préfère les femmes aux hommes qu'il rend responsables de cet état de fait. Il achête un peu à toutes pour que le chiffre d'affaire soit réparti et change régulièrement de coin au marché. Cependant, les malades de tout sex ont droit au même don. Nous sommes tous égaux devant la mort dit-il et leur maladie ils ne l'ont pas choisi.
C'est intéressant de l'observer et de le suivre dans ses achats. Je m'inspire toujours de ses actes pour agir comme lui quand je vais seul aux courses. Je ne change rien pour qu'ils nous confondent un jour et que je n'ai pas à refaire ce qu'il a laissé comme empreinte pour me fondre définitivement dans cette population. Ne souriez pas, c'est tout un apprentissage et il est long car à chaque jour sa misère différente et ses méthodes. Nous ne sommes pas la bas pour dilapider nos sous ni pour changer le monde. Nous y sommes parce que ce pays mérite d'être vécu et que ses habitants sont adorables quand on les connait bien. Nous y sommes aussi parce que cette distribution de dons et ces achats divers et multiples sont autant de devises qui rentrent dans leurs poches pour vivre tout simplement. Ces mendiants sont donc:.
Les handicapés :
à l'instar de l'ensemble des pays sous-développés (peut-on qualifier les pays africains de "en voie de développement" quand on voit la manière chronique dans laquelle ils s'installent dans la pauvreté ?) le Sénégal n'a pas de loi, ni évidemment de financement pour protéger les handicapés. Des miséreux dont les membres sont rongés par la lèpre jusqu'aux aveugles et aux martyrs de la poliomyélite, le spectacle est hélas omniprésent et quotidien. Ces pauvres gens sont forcés, pour avoir un revenu et ne pas dépendre d'une famille parfois très pauvre, de mendier dans la rue. Et pour qu'ils ne soient pas ou moins isolés, les familles ayant un lépreux se sont regroupées dans un village où la cohabitation est parfaite
J'ai visité le village des lépreux au sud de Mbour. Cliquez sur ce lien pour lire ce que j'y ai vécu avec ma femme.
Le travail étant une denrée rare pour les valides, les handicapés ont hélas très rarement l'occasion de trouver un travail. Quelques ONG oeuvrent dans ce sens en proposant à ces invalides des travaux de confection dans des ateliers de réintégration. Mais c'est rare. La solidarité de la communauté doit donc permettre aux plus courageux d'avoir un petit revenu de subsistance. Dans la rue ou aux arrêts de cars rapides, le Sénégalais est donc sollicité. L'aumône étant dans la tradition islamique une règle, les Sénégalais donnent donc assez souvent une pièce de 5, 10 ou 25CFA à ces handicapés. Le plus triste vient du fait qu'il n'est pas rare, notamment pour les aveugles, de voir les invalides accompagnés d'un gosse qui leur sert de guide au lieu d'aller à l'école... le cercle vicieux de la misère. Il est à noter qu'ici encore, la mendicité des handicapés est très différentes suivant les communautés ethniques. Vous verrez ainsi rarement un Casamançais (qu'il soit diola, balante, manjak ou mankagne) mendier dans la rue, et ce à la fois pour des raisons de fierté, de religion et de tradition.
Les femmes :
Si la condition féminine au Sénégal est enviable au regard de celle constatée dans d'autres pays d'Afrique musulmane comme le Mali, le Niger, le Nigeria, etc... les femmes veuves ou divorcées, les mères sans mari, sont véritablement mises au banc de la société. Encore une fois, les aides pour ces personnes particulièrement nécessiteuses sont nulles. La solidarité nationale n'a pas les moyens... Alors qu'un petit capitale de 100€ suffirait à créer un petit commerce dans le secteur informel, ces femmes sont réduites à la mendicité si leur âge et leur condition physique ne les poussent pas à la prostitution. Il est quasiment impossible à une mère de famille célibataire de s'en sortir seule au Sénégal. La mendicité reste donc un des seuls recours. Alors que le milieu rural dont les traditions sociales empêchent ce fléau est peu touché, les villes sont pleines de ces femmes mendiantes souvent condamnées à ce statut à vie.
Les talibés : .
véritable fléau national, le scandale des talibés a ému la communauté internationale depuis des années. Les talibés sont des gosses issus la plupart du temps de familles musulmanes miséreuses et placés par les parents chez un petit marabout escroc qui en échange de leur pseudo instruction au Coran, du couvert et du logis sont censés recueillir l'aumône dans la rue quelques heures par semaine. La réalité est toute autre. Certains marabouts accueillent plusieurs dizaines de gosses parfois d'à peine 4 ou 5, les maltraitent, ne les soignent pas, les nourrissent au lance-pierre et les font mendier 7 jours sur 7, durant toute la journée, voir même la nuit. Le résultat est éloquent : les milliers d'enfants en haillons, mal nourris, sales, pied-nus, souvent malades qui courent les rues à la recherche des quelques CFA qui leur permettront de ne pas se faire cogner par leur tortionnaire en arrivant "à la maison". Combien sont-ils ? Les ONG évaluent leur nombre à plus de 150 000 à travers le pays. Ces pauvres enfants fournissent évidemment dès l'adolescence l'essentiel de la criminalité du pays. Comment en serait-il autrement quand arrivés à 15 ans, ils n'ont appris aucun métier, ne savent ni lire ni écrire (même pas l'arabe d'ailleurs...) et ont rompu les liens qui les unissaient à leur famille ? Ce scandale typiquement sénégalais poussent des centaines de milliers de gosses à une misère certaine et le pays à devenir un coupe-gorge à brève échéance. Encore une fois, il est important de souligner le caractère forcément religieux du problème des talibés ainsi que son caractère régional, n'en déplaise aux bien-pensants et aux politiquement corrects : les communautés casamançaises n'envoient que très rarement leurs enfants à cette petite mort, qu'ils soient musulmans ou non. Les quelques rares talibés de Ziguinchor sont d'ailleurs issus de familles du Nord du Sénégal. Il en est de même pour les musulmans orthodoxes du pays, principalement les Peulhs. Le problème des talibés est donc principalement un problème confrérique.
- Un bon site résumant parfaitement la situation catastrophique des talibés et l'origine maraboutique du phénomène.
http://membres.multimania.fr/talibes/
Dernière édition par Roger le Dim 18 Jan - 17:41, édité 3 fois