Santé.
Un essai sur des enfants valide, un nouveau
traitement préventif.
Au Sénégal, avancée stratégique contre le palu
Avec 2 euros par gamin et par an, on pourrait protéger du paludisme la
grande majorité des enfants du Sahel. Slogan d'ONG ? Non, le coût d'un
traitement intermittent préventif, administré aux moins de 5 ans lors de la
saison des pluies, lorsque les moustiques transmettent le parasite P.
Falciparum.
Et surtout un résultat béton, scientifiquement argumenté, publié dans The
Lancet, l'une des revues de médecine les plus cotées du monde
Les seize scientifiques cosignataires de l'article sont français, sénégalais
et britanniques.
Et, s'ils ont pu réaliser cette précieuse démonstration, c'est grâce à un
observatoire permanent de la santé d'une communauté rurale sénégalaise,
implanté par l'Institut de recherche pour le développement (IRD) à Niakhar,
dans le pays Sèrrèrei, à 150 km au sud-est de Dakar . Ici, depuis 1983, les
équipes de l'IRD, aidées d'enquêteurs locaux, étudient systématiquement les
causes de mortalité.
Le palu y fait des ravages. «Un enfant sur cinq meurt avant son cinquième
anniversaire et 25 % des décès résultent directement du paludisme, sans
compter les effets indirects», précise Cheikh Sokhna, scientifique
sénégalais, l'un des auteurs de l'article du Lancet. C'est là que les
chercheurs ont testé «une idée nouvelle : le traitement préventif
intermittent».
Hivernage.
Traitement, puisqu'il s'agit d'administrer trois doses thérapeutiques d'un
couple moléculaire : de la sulfadoxine-pyrimethamine associée à de
l'arténusate, à base d'artémisine, issue de la pharmacopée traditionnelle
chinoise.
Préventif, parce qu'il est systématique, sans tenir compte de l'état de
l'enfant vis-à-vis du parasite. Intermittent : il ne survient que durant la
seconde moitié de l'hivernage (saison des pluies au Sahel) lorsque les
moustiques se multiplient et transmettent le palu intensément.
L'idée d'un traitement préventif systématique est ancienne, mais avait été
plombée par ses revers : la sélection de souches de parasites de plus en
plus résistantes et le retard à l'acquisition de l'immunité. Du coup, on la
réservait aux femmes enceintes. Expérimentée dans des régions (Gambie,
Tanzanie) où la transmission du parasite est permanente, elle a donné des
résultats intéressants chez les nourrissons. Mais soulevait nombre de
questions efficacité, coût, acceptabilité, effets secondaires, résistances
du parasite... en cas d'extension aux enfants plus âgés.
Il fallait donc, pour démontrer son efficacité à plus grande échelle, une
étude bardée de précautions. C'est ce qu'a réussi cette équipe
internationale service de parasitologie de l'IRD dirigé par Jean-François
Trape et Cheikh Sokhna, London School of Hygiene and Tropical Medicine, et
la faculté de médecine de Dakar en réalisant un exercice «gold standard»,
se réjouit Sokhna : «essai clinique randomisé (les enfants sont pris au
hasard), contrôlé et en double aveugle (expérimentateurs, parents et enfants
ne savent pas s'ils prennent un médicament ou un placebo), portant sur plus
de 1 200 enfants représentant une fraction significative de la population de
onze villages». Le tout certifié par des comités d'éthique sénégalais,
britannique et français.
Les résultats sont spectaculaires. Dans le groupe d'enfants traités en 2002,
on note 86 % d'accès palustres de moins que dans le groupe placebo, et la
présence du parasite dans leur sang se réduit de 70 %, diminuant d'autant le
risque de transmission. Le tout sans effets secondaires, hormis quelques
vomissements sans gravité. En outre, le suivi des enfants durant l'année
suivante a montré l'absence d'«effet rebond» : la cohorte d'enfants, cette
fois-ci non traités, n'a pas montré plus d'accès palustres que le groupe
placebo, et même moins pour les plus jeunes.
Avant de proposer aux gouvernements, à l'OMS et aux fondations caritatives
(comme la Bill and Melinda Gates, qui a financé l'étude) d'en faire une
stratégie antipalu à grande échelle, l'équipe de Cheikh Sokhna a voulu
démontrer son caractère opérationnel. A Niakhar, le taux de succès a pu être
gonflé par la confiance des populations envers les équipes de l'IRD,
qu'elles ont l'habitude de côtoyer. De plus, c'est un personnel de santé qui
administrait les doses.
A plus grande échelle. Le succès d'une telle stratégie ne peut reposer que
sur les communautés rurales, la capacité des mères et des associations de
femmes à respecter les délais et le caractère systématique du traitement.
D'où l'objectif de réaliser en 2007, avec le soutien du ministère de la
Santé sénégalais, une validation à grande échelle (50 000 enfants dans
différentes régions) où le traitement sera administré par les mères.
L'opération suppose un travail d'éducation, de mobilisation des «leaders»
dans chaque village, une étude vérifiant la prise des médicaments et leurs
effets. En cas de succès, la suite repose «sur la volonté politique des
gouvernements», explique Sokhna, qui souligne l'implication du ministère de
la Santé dans l'étude. L'enjeu se mesure à l'échelle africaine : le Sahel
tout entier (du Sénégal au Soudan), où la transmission du palu aux enfants
se concentre à la saison des pluies, peut relever de cette stratégie de
lutte.
Précautions à prendre contre les moustiques
qui sont, tout le monde le sait, les vecteurs du
paludisme.
je suis un aimant à moustiques. Dès qu'il y a un moustique dans la pièce ou
à l'endroit où je me trouve au Sénégal, il vient obligatoirement sur moi
pour se ravitailler. J'ai eu beau leur parler et leur expliquer depuis
toujours qu'il ne fallait pas me harceler, rien y a fait depuis 30 ans et
je vais régulièrement au Sénégal 2 mois par an.
J'ai donc trouvé la parade et j'ai opté pour les moustiquaires la nuit .
Elles reposent largement au sol pour plus de sûreté et je passe de bonnes
nuit.
Il faut savoir que les moustiques sénégalais ne sont pas cinglés. ils ne
sortent que le soir. C'est normal, il fait meilleur pour se mettre à table.
Je suis donc harcelé le soir, à table sur la terrasse. Pour tenter de les
dissuader de me pomper, moi, honnête citoyen Français, J'ai acheté les
spirales à brûler que l'on trouve partout dans toutes les échoppes au
Sénégal et j'en place une en début de soirée sous la table. Elle se consume
en deux heures ce qui est suffisant et aucun moustique ne vient me pomper.
Pour plus de précaution, en soirée je m'asperge légèrement d'un spray "
antimoustique tropical " que j'achète en pharmacie en France.
J'ai pu remarquer qu'ils n'aiment pas du tout, même pas du tout. Inutile de
prendre un bain de ce produit, quelques giclées bien placées suffisent à les
décourager.
A titre info, pour 3 semaines de présence à Mbour ( Sénégal ) , j'emporte
avec moi deux petits spray de ce produit. Sur place, j'achète les spirales
dans une boutique. Ils en vendent tous. C'est pas cher .
Bien entendu, pour éliminer les moustiques d'une chambre, il y a la bombe de
Yotox, que l'on trouve aussi un peu partout au Sénégal.
C'est le produit en grandes bombes qu'ils vendent partout. Il est toxique et
peu recommandé pour la santé. Cependant, il est intéressant de s'en servir
en fin de journée pour éliminer dans la chambre à coucher, l'ensemble de
l'escadrille qui s'y trouve. Oui, ce produit toxique tue tous ces
indésirables. Mais il est prudent de l'utiliser quelques heures avant de se
coucher pour qu'ils se soit éventé et qu'il repose au sol. C'est vraiment
toxique.
Alors je sais que les spirales à brûler dont j'ai parlé au début sont aussi
toxiques, mais je les brûle dehors, pas à l'intérieur de l'habitation. De
toute façon, il faut agir, car les moustiques ne pardonnent aucune erreur de
notre part.
Ce n'était que ma modeste expérience
Bon, quoi dire encore sur les moustiques au Sénégal.
Il y a des moustiques le soir, oui. Pas énormément, mais il y en a . Au bord
de mer il y en a moins mais à l'intérieur des terres, et surtout pendant
l'hivernage ( saison des pluies de juin à octobre) là, il y en a plus,
surtout à proximité des marres.
La hausse des températures expliquerait en partie l’augmentation des cas de
paludisme observée dans certaines régions d’altitude en Afrique, selon une
nouvelle étude publiée aujourd’hui.
Le lien entre climat et paludisme sur ces hauts plateaux est très discuté. S
’appuyant sur un nouveau modèle mathématique et des données de température
allant de 1950 à 2002, l’équipe internationale dirigée par Mercedes Pascual
(Université du Michigan) montre qu’une hausse légère de la température
suffit à augmenter considérablement le nombre de moustiques.
Le parasite du paludisme est transmis à l’homme par la piqûre d’un
moustique, le plus souvent Anopheles gambiae.
Le développement du moustique est moins rapide en altitude, où les
températures sont plus fraîches.
Pourtant le paludisme augmente sur certains plateaux de l’Afrique de l’Est.
Pascual et ses collègues ont étudié quatre régions situées au Kenya, en
Ouganda, au Rwanda et au Burundi. Les températures se sont élevées de 0,5°C
depuis 50 ans, expliquent les chercheurs, avec une hausse plus marquée
depuis les années 70.
D’après leur modèle, une hausse de la température de 3% peut entraîner une
hausse d’au moins 30 à 40% de la population de moustiques sur les hauts
plateaux africains.
Ces résultats ne signifient pas que le climat est le seul facteur en cause
mais qu’il doit être pris en compte dans la lutte contre cette maladie
parasitaire dans des régions jusque-là relativement épargnées, précisent les
chercheurs.
D’autres facteurs entrent en ligne de compte : le développement de
résistances aux traitements, les problèmes d’accès aux soins, ainsi que l’
augmentation de la population dans les régions d’altitude et les
modifications du paysage.
De précédentes études ont montré que la déforestation et la mise en culture
des marécages naturels créaient des conditions favorables à la survie des
larves de moustiques.
Cécile Dumas Nouvel obs'
(21/03/06)
PALUDISME
En Afrique, un nombre infime de malades du paludisme ont accès à des
médicaments efficaces
En Afrique, une proportion infime des patients atteints de paludisme sont
soignés avec des traitements efficaces. Pourtant, ceux-ci existent et
pourraient les guérir en quelques jours. Si, dans de nombreux pays
africains, les combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine (ACT) sont
préconisées dans le traitement du paludisme, elles sont, de fait, très peu
utilisées.
Alors que l'OMS recommande depuis quatre ans aux pays africains concernés
par la pandémie de paludisme de passer aux combinaisons thérapeutiques à
base d'artémisinine (ACT) et que le Fonds Mondial de lutte contre le sida,
la tuberculose et le paludisme finance ces médicaments depuis deux ans, les
équipes de Médecins Sans Frontières constatent sur leurs terrains
d'interventions que la plupart des patients soignés dans les centres de
santé gérés par les ministères continuent de recevoir des traitements
obsolètes et inefficaces.
"Ici à Dabola, nous parvenons à offrir des ACT et à guérir nos patients
en trois jours. Mais à seulement 40 km d'ici, la situation est complètement
différente : la population ne reçoit pas ces meilleurs traitements. Le
gouvernement a pourtant officiellement changé de protocole il y a un an
déjà", explique Barbara, coordinatrice médicale en Guinée Conakry. "Le
paludisme est la première cause de mortalité ici, avec plus de 15% de tous
les décès recensés dans les structures de soins."
La Guinée est loin d'être un cas isolé.
Les équipes de MSF dans plusieurs pays d'Afrique rapportent des expériences
similaires. Au Soudan, au Kenya, en Côte-d'Ivoire, en Sierra Leone, par
exemple, les ministères de la Santé continuent d'utiliser soit la
chloroquine qui est largement reconnue comme inefficace, soit la
sulfadoxine-pyrimethamine ou l'amodia quine en mono thérapie. "Utiliser
une seule de ces molécules favorise à court terme l'émergence de
résistances", explique le Dr Suna Balkan, médecin spécialiste du paludisme à
MSF. "C'est un véritable gâchis car en associant l'un de ces médicaments à
l'artésunate - dérivé de l'artémisinine -, non seulement le traitement est
très efficace mais aussi l'apparition des résistances est retardée. Or ces
combinaisons thérapeutiques sont possibles depuis longtemps et disponibles
depuis 2003 sous forme de plaquettes contenant les deux médicaments*".
Près de 40 pays africains ont adopté les ACT comme protocole national de
traitement contre le paludisme, les traitements sont disponibles et les
financements peuvent être obtenus...
Alors pourquoi plus des deux tiers de ces pays ne mettent pas du tout en
œuvre cette nouvelle politique de soins ou ne le font que très lentement ?
Par manque de volonté politique certainement, mais également par manque de
moyens : absence d'expertise sur le terrain pour améliorer le diagnostic du
paludisme et son traitement, aide insuffisante pour la diffusion des
connaissances sur ces produits et manque de soutien technique à la mise en
place de ces traitements dans les structures de santé.
"L'une des difficultés des ministères de la Santé est de monter seuls et
sans soutien des propositions de prise en charge du paludisme qui tiennent
la route et qui vont leur permettre d'obtenir des financements de la part du
Fonds Mondial", ajoute Suna Balkan.
"Or, c'est le rôle de partenaires comme l'Organisation mondiale de la santé
ou Roll Back Malaria** d'apporter ce soutien technique". De toute évidence,
il existe un manque de coordination entre ces acteurs et les différents
bailleurs de fond.
"Sans des mesures rapides pour assurer que des médicaments efficaces
atteignent les gens qui en ont besoin, les décisions des gouvernements
demeureront virtuelles et insignifiantes pour ceux qui sont censés en
bénéficier", soutient le Dr Karim Laouabdia, directeur de la Campagne
d'Accès aux Médicaments Essentiels de MSF.
* La présentation des deux médicaments à prendre en même temps sur une seule
plaquette est aussi appelée blister.
L'arrivée des ACT sous forme de co-formulation (deux molécules réunies en
un seul comprimé) -disponibles théoriquement dès la fin 2006- devrait
favoriser leur mise en place dans les pays concernés.
La co-formulation présente l'avantage de limiter la prise de médicaments
pour les patients et réduit les risques d'apparition des résistances.
** Roll Back Malaria : partenariat de différents acteurs (pays touchés par
de paludisme, laboratoires, organismes de recherche, fondations, bailleurs
de fonds, etc ) oeuvrant pour la lutte contre le paludisme.[center]
Un essai sur des enfants valide, un nouveau
traitement préventif.
Au Sénégal, avancée stratégique contre le palu
Avec 2 euros par gamin et par an, on pourrait protéger du paludisme la
grande majorité des enfants du Sahel. Slogan d'ONG ? Non, le coût d'un
traitement intermittent préventif, administré aux moins de 5 ans lors de la
saison des pluies, lorsque les moustiques transmettent le parasite P.
Falciparum.
Et surtout un résultat béton, scientifiquement argumenté, publié dans The
Lancet, l'une des revues de médecine les plus cotées du monde
Les seize scientifiques cosignataires de l'article sont français, sénégalais
et britanniques.
Et, s'ils ont pu réaliser cette précieuse démonstration, c'est grâce à un
observatoire permanent de la santé d'une communauté rurale sénégalaise,
implanté par l'Institut de recherche pour le développement (IRD) à Niakhar,
dans le pays Sèrrèrei, à 150 km au sud-est de Dakar . Ici, depuis 1983, les
équipes de l'IRD, aidées d'enquêteurs locaux, étudient systématiquement les
causes de mortalité.
Le palu y fait des ravages. «Un enfant sur cinq meurt avant son cinquième
anniversaire et 25 % des décès résultent directement du paludisme, sans
compter les effets indirects», précise Cheikh Sokhna, scientifique
sénégalais, l'un des auteurs de l'article du Lancet. C'est là que les
chercheurs ont testé «une idée nouvelle : le traitement préventif
intermittent».
Hivernage.
Traitement, puisqu'il s'agit d'administrer trois doses thérapeutiques d'un
couple moléculaire : de la sulfadoxine-pyrimethamine associée à de
l'arténusate, à base d'artémisine, issue de la pharmacopée traditionnelle
chinoise.
Préventif, parce qu'il est systématique, sans tenir compte de l'état de
l'enfant vis-à-vis du parasite. Intermittent : il ne survient que durant la
seconde moitié de l'hivernage (saison des pluies au Sahel) lorsque les
moustiques se multiplient et transmettent le palu intensément.
L'idée d'un traitement préventif systématique est ancienne, mais avait été
plombée par ses revers : la sélection de souches de parasites de plus en
plus résistantes et le retard à l'acquisition de l'immunité. Du coup, on la
réservait aux femmes enceintes. Expérimentée dans des régions (Gambie,
Tanzanie) où la transmission du parasite est permanente, elle a donné des
résultats intéressants chez les nourrissons. Mais soulevait nombre de
questions efficacité, coût, acceptabilité, effets secondaires, résistances
du parasite... en cas d'extension aux enfants plus âgés.
Il fallait donc, pour démontrer son efficacité à plus grande échelle, une
étude bardée de précautions. C'est ce qu'a réussi cette équipe
internationale service de parasitologie de l'IRD dirigé par Jean-François
Trape et Cheikh Sokhna, London School of Hygiene and Tropical Medicine, et
la faculté de médecine de Dakar en réalisant un exercice «gold standard»,
se réjouit Sokhna : «essai clinique randomisé (les enfants sont pris au
hasard), contrôlé et en double aveugle (expérimentateurs, parents et enfants
ne savent pas s'ils prennent un médicament ou un placebo), portant sur plus
de 1 200 enfants représentant une fraction significative de la population de
onze villages». Le tout certifié par des comités d'éthique sénégalais,
britannique et français.
Les résultats sont spectaculaires. Dans le groupe d'enfants traités en 2002,
on note 86 % d'accès palustres de moins que dans le groupe placebo, et la
présence du parasite dans leur sang se réduit de 70 %, diminuant d'autant le
risque de transmission. Le tout sans effets secondaires, hormis quelques
vomissements sans gravité. En outre, le suivi des enfants durant l'année
suivante a montré l'absence d'«effet rebond» : la cohorte d'enfants, cette
fois-ci non traités, n'a pas montré plus d'accès palustres que le groupe
placebo, et même moins pour les plus jeunes.
Avant de proposer aux gouvernements, à l'OMS et aux fondations caritatives
(comme la Bill and Melinda Gates, qui a financé l'étude) d'en faire une
stratégie antipalu à grande échelle, l'équipe de Cheikh Sokhna a voulu
démontrer son caractère opérationnel. A Niakhar, le taux de succès a pu être
gonflé par la confiance des populations envers les équipes de l'IRD,
qu'elles ont l'habitude de côtoyer. De plus, c'est un personnel de santé qui
administrait les doses.
A plus grande échelle. Le succès d'une telle stratégie ne peut reposer que
sur les communautés rurales, la capacité des mères et des associations de
femmes à respecter les délais et le caractère systématique du traitement.
D'où l'objectif de réaliser en 2007, avec le soutien du ministère de la
Santé sénégalais, une validation à grande échelle (50 000 enfants dans
différentes régions) où le traitement sera administré par les mères.
L'opération suppose un travail d'éducation, de mobilisation des «leaders»
dans chaque village, une étude vérifiant la prise des médicaments et leurs
effets. En cas de succès, la suite repose «sur la volonté politique des
gouvernements», explique Sokhna, qui souligne l'implication du ministère de
la Santé dans l'étude. L'enjeu se mesure à l'échelle africaine : le Sahel
tout entier (du Sénégal au Soudan), où la transmission du palu aux enfants
se concentre à la saison des pluies, peut relever de cette stratégie de
lutte.
Précautions à prendre contre les moustiques
qui sont, tout le monde le sait, les vecteurs du
paludisme.
je suis un aimant à moustiques. Dès qu'il y a un moustique dans la pièce ou
à l'endroit où je me trouve au Sénégal, il vient obligatoirement sur moi
pour se ravitailler. J'ai eu beau leur parler et leur expliquer depuis
toujours qu'il ne fallait pas me harceler, rien y a fait depuis 30 ans et
je vais régulièrement au Sénégal 2 mois par an.
J'ai donc trouvé la parade et j'ai opté pour les moustiquaires la nuit .
Elles reposent largement au sol pour plus de sûreté et je passe de bonnes
nuit.
Il faut savoir que les moustiques sénégalais ne sont pas cinglés. ils ne
sortent que le soir. C'est normal, il fait meilleur pour se mettre à table.
Je suis donc harcelé le soir, à table sur la terrasse. Pour tenter de les
dissuader de me pomper, moi, honnête citoyen Français, J'ai acheté les
spirales à brûler que l'on trouve partout dans toutes les échoppes au
Sénégal et j'en place une en début de soirée sous la table. Elle se consume
en deux heures ce qui est suffisant et aucun moustique ne vient me pomper.
Pour plus de précaution, en soirée je m'asperge légèrement d'un spray "
antimoustique tropical " que j'achète en pharmacie en France.
J'ai pu remarquer qu'ils n'aiment pas du tout, même pas du tout. Inutile de
prendre un bain de ce produit, quelques giclées bien placées suffisent à les
décourager.
A titre info, pour 3 semaines de présence à Mbour ( Sénégal ) , j'emporte
avec moi deux petits spray de ce produit. Sur place, j'achète les spirales
dans une boutique. Ils en vendent tous. C'est pas cher .
Bien entendu, pour éliminer les moustiques d'une chambre, il y a la bombe de
Yotox, que l'on trouve aussi un peu partout au Sénégal.
C'est le produit en grandes bombes qu'ils vendent partout. Il est toxique et
peu recommandé pour la santé. Cependant, il est intéressant de s'en servir
en fin de journée pour éliminer dans la chambre à coucher, l'ensemble de
l'escadrille qui s'y trouve. Oui, ce produit toxique tue tous ces
indésirables. Mais il est prudent de l'utiliser quelques heures avant de se
coucher pour qu'ils se soit éventé et qu'il repose au sol. C'est vraiment
toxique.
Alors je sais que les spirales à brûler dont j'ai parlé au début sont aussi
toxiques, mais je les brûle dehors, pas à l'intérieur de l'habitation. De
toute façon, il faut agir, car les moustiques ne pardonnent aucune erreur de
notre part.
Ce n'était que ma modeste expérience
Bon, quoi dire encore sur les moustiques au Sénégal.
Il y a des moustiques le soir, oui. Pas énormément, mais il y en a . Au bord
de mer il y en a moins mais à l'intérieur des terres, et surtout pendant
l'hivernage ( saison des pluies de juin à octobre) là, il y en a plus,
surtout à proximité des marres.
Environnement
Quand le paludisme profite du réchauffement
La hausse des températures expliquerait en partie l’augmentation des cas de
paludisme observée dans certaines régions d’altitude en Afrique, selon une
nouvelle étude publiée aujourd’hui.
Le lien entre climat et paludisme sur ces hauts plateaux est très discuté. S
’appuyant sur un nouveau modèle mathématique et des données de température
allant de 1950 à 2002, l’équipe internationale dirigée par Mercedes Pascual
(Université du Michigan) montre qu’une hausse légère de la température
suffit à augmenter considérablement le nombre de moustiques.
Le parasite du paludisme est transmis à l’homme par la piqûre d’un
moustique, le plus souvent Anopheles gambiae.
Le développement du moustique est moins rapide en altitude, où les
températures sont plus fraîches.
Pourtant le paludisme augmente sur certains plateaux de l’Afrique de l’Est.
Pascual et ses collègues ont étudié quatre régions situées au Kenya, en
Ouganda, au Rwanda et au Burundi. Les températures se sont élevées de 0,5°C
depuis 50 ans, expliquent les chercheurs, avec une hausse plus marquée
depuis les années 70.
D’après leur modèle, une hausse de la température de 3% peut entraîner une
hausse d’au moins 30 à 40% de la population de moustiques sur les hauts
plateaux africains.
Ces résultats ne signifient pas que le climat est le seul facteur en cause
mais qu’il doit être pris en compte dans la lutte contre cette maladie
parasitaire dans des régions jusque-là relativement épargnées, précisent les
chercheurs.
D’autres facteurs entrent en ligne de compte : le développement de
résistances aux traitements, les problèmes d’accès aux soins, ainsi que l’
augmentation de la population dans les régions d’altitude et les
modifications du paysage.
De précédentes études ont montré que la déforestation et la mise en culture
des marécages naturels créaient des conditions favorables à la survie des
larves de moustiques.
Cécile Dumas Nouvel obs'
(21/03/06)
PALUDISME
En Afrique, un nombre infime de malades du paludisme ont accès à des
médicaments efficaces
En Afrique, une proportion infime des patients atteints de paludisme sont
soignés avec des traitements efficaces. Pourtant, ceux-ci existent et
pourraient les guérir en quelques jours. Si, dans de nombreux pays
africains, les combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine (ACT) sont
préconisées dans le traitement du paludisme, elles sont, de fait, très peu
utilisées.
Alors que l'OMS recommande depuis quatre ans aux pays africains concernés
par la pandémie de paludisme de passer aux combinaisons thérapeutiques à
base d'artémisinine (ACT) et que le Fonds Mondial de lutte contre le sida,
la tuberculose et le paludisme finance ces médicaments depuis deux ans, les
équipes de Médecins Sans Frontières constatent sur leurs terrains
d'interventions que la plupart des patients soignés dans les centres de
santé gérés par les ministères continuent de recevoir des traitements
obsolètes et inefficaces.
"Ici à Dabola, nous parvenons à offrir des ACT et à guérir nos patients
en trois jours. Mais à seulement 40 km d'ici, la situation est complètement
différente : la population ne reçoit pas ces meilleurs traitements. Le
gouvernement a pourtant officiellement changé de protocole il y a un an
déjà", explique Barbara, coordinatrice médicale en Guinée Conakry. "Le
paludisme est la première cause de mortalité ici, avec plus de 15% de tous
les décès recensés dans les structures de soins."
La Guinée est loin d'être un cas isolé.
Les équipes de MSF dans plusieurs pays d'Afrique rapportent des expériences
similaires. Au Soudan, au Kenya, en Côte-d'Ivoire, en Sierra Leone, par
exemple, les ministères de la Santé continuent d'utiliser soit la
chloroquine qui est largement reconnue comme inefficace, soit la
sulfadoxine-pyrimethamine ou l'amodia quine en mono thérapie. "Utiliser
une seule de ces molécules favorise à court terme l'émergence de
résistances", explique le Dr Suna Balkan, médecin spécialiste du paludisme à
MSF. "C'est un véritable gâchis car en associant l'un de ces médicaments à
l'artésunate - dérivé de l'artémisinine -, non seulement le traitement est
très efficace mais aussi l'apparition des résistances est retardée. Or ces
combinaisons thérapeutiques sont possibles depuis longtemps et disponibles
depuis 2003 sous forme de plaquettes contenant les deux médicaments*".
Près de 40 pays africains ont adopté les ACT comme protocole national de
traitement contre le paludisme, les traitements sont disponibles et les
financements peuvent être obtenus...
Alors pourquoi plus des deux tiers de ces pays ne mettent pas du tout en
œuvre cette nouvelle politique de soins ou ne le font que très lentement ?
Par manque de volonté politique certainement, mais également par manque de
moyens : absence d'expertise sur le terrain pour améliorer le diagnostic du
paludisme et son traitement, aide insuffisante pour la diffusion des
connaissances sur ces produits et manque de soutien technique à la mise en
place de ces traitements dans les structures de santé.
"L'une des difficultés des ministères de la Santé est de monter seuls et
sans soutien des propositions de prise en charge du paludisme qui tiennent
la route et qui vont leur permettre d'obtenir des financements de la part du
Fonds Mondial", ajoute Suna Balkan.
"Or, c'est le rôle de partenaires comme l'Organisation mondiale de la santé
ou Roll Back Malaria** d'apporter ce soutien technique". De toute évidence,
il existe un manque de coordination entre ces acteurs et les différents
bailleurs de fond.
"Sans des mesures rapides pour assurer que des médicaments efficaces
atteignent les gens qui en ont besoin, les décisions des gouvernements
demeureront virtuelles et insignifiantes pour ceux qui sont censés en
bénéficier", soutient le Dr Karim Laouabdia, directeur de la Campagne
d'Accès aux Médicaments Essentiels de MSF.
* La présentation des deux médicaments à prendre en même temps sur une seule
plaquette est aussi appelée blister.
L'arrivée des ACT sous forme de co-formulation (deux molécules réunies en
un seul comprimé) -disponibles théoriquement dès la fin 2006- devrait
favoriser leur mise en place dans les pays concernés.
La co-formulation présente l'avantage de limiter la prise de médicaments
pour les patients et réduit les risques d'apparition des résistances.
** Roll Back Malaria : partenariat de différents acteurs (pays touchés par
de paludisme, laboratoires, organismes de recherche, fondations, bailleurs
de fonds, etc ) oeuvrant pour la lutte contre le paludisme.[center]