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    France, Strasbourg, j'ai escaladé la Cathédrale de Strasbourg la nuit.

    Roger
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    France, Strasbourg, j'ai escaladé la Cathédrale de Strasbourg la nuit. Empty France, Strasbourg, j'ai escaladé la Cathédrale de Strasbourg la nuit.

    Message par Roger Mar 29 Avr - 1:05

    J'ai escaladé de nuit la Cathédrale de Strasbourg jusqu'en haut de la flèche.

    France, Strasbourg, j'ai escaladé la Cathédrale de Strasbourg la nuit. Galeri10



    Ce qui va suivre est une histoire pas si extraordinaire que cela mais elle est vraie, je l'ai vécue avec mon frère et un ami.


    Nous sommes Mai en 1991, à Strasbourg. Il est 22 heures et je suis au restaurant avec mon frère et un ami.
    Nous discutons de choses et d'autres et il vient à mon frère l'idée d'escalader en pleine nuit la cathédrale de Strasbourg jusqu'à la flèche.
    Au départ, cela nous a fait bien rire car cette aventure interdite était risquée et pour plusieurs raisons.

    Tout d'abord Le moindre bruit aurait alerté la population car vous le savez peut être, la nuit, les bruits portent plus loin que le jour et c'est normal, notre sens auditif est plus sensible lorsque la vue est limitée. Qu'on se le dise, on entend donc mieux la nuit que le jour.
    De plus, la cathédrale est confinée et Le moindre bruit fait écho. Comme il est impossible d'entamer l'ascension avant une heure bien avancée de la nuit, c'est à dire quand le site est moins fréquenté, voir plus du tout, il nous faudrait progresser avec d'infinies précautions sur un parcours à priori inconnu et certainement long. Nous ne pouvions pas prévoir les étapes et encore moins le timing. De plus, cela semblait risqué compte tenu de l'étroitesse de certains passages que j'avais pu observer en la visitant de jour et le plus officiellement du monde. Eh puis il y avait aussi les risques de chute avec tout ce que cela comporte comme blessures possibles et peut être irréparables, sans oublier les rencontres possibles avec des vigiles... Allez savoir ! Je faisais remarquer qu'il fallait mettre tous ces paramètres bout à bout et tenter une ébauche de scénario avant de prendre la décision.
    A l'époque, j'étais le seul à avoir une bonne formation de grimpeur. Sans moi, rien ne se serait fait. Mon frère tenait à ce que j'assure cette fonction de guide ou premier de cordée dans cette folle équipée.

    Nous avons mis un moment à décortiquer le scénario de cette aventure et à imbriquer tous les cheminements possibles car il n'y avait eu aucune reconnaissance de jour. L'idée faisant son petit bonhomme de chemin, nous échafaudons un plan ou chacun à son rôle et sait quoi faire en cas de besoin. A l'époque des faits, il n'y avait pas d'échafaudage autour de la flèche comme on le voit sur la photo.
    France, Strasbourg, j'ai escaladé la Cathédrale de Strasbourg la nuit. D1223411
    Décision est prise d'aller au bout de notre défi, bref, d'envisager sérieusement d'y aller et la tentative d'ascension débutera au pied des échafaudages installés coté droit de l'édifice. C'est là qu'il y a semble t-il le moins de monde malgré le parking car il n'y a pas de fenêtres d'habitation. De plus, pour un premier exercice avec des personnes dont je ne connais pas les qualités physiques, je préfère une autoroute à une escalade murale dusse t-elle être du premier degré.
    C'est décidé, c'est pour ce soir !

    Nous convenons de nos tenues vestimentaires, des équipements et des rôles de chacun avant de nous séparer pour nous préparer chez nous et nous retrouver.
    De retour au restaurant, j'inspecte tout le monde et donne les dernières consignes. Je vérifie que personne n'emporte de papiers d'identité et de matériels non convenus. Même les appareils photos n'étaient pas du voyage. Les pansements, briquets, petites cordelettes, mousquetons, sucres, etcetera... Tout est là et bien accroché. Pour moi, il n'est pas question que quelque chose se détache de nous et aille se fracasser je ne sais où au sol et risquer de blesser quelqu'un, ou se perde quelque part pour tomber entre les mains de je ne sais qui... Pas plus d'ailleurs de casser quoique ce soit de l'édifice.

    Nous voulions vivre une aventure, et rien d'autre.

    Il est 23h30 , nous sommes garés place de la cathédrale. Notre véhicule est positionné en face à l'échafaudage. Pas un mot plus haut que l'autre dans la voiture. Pas de mot du tout d'ailleurs. Je perçois tout de même un mélange de crainte et d'appréhension chez mes compagnons. Moi j'ai l'habitude de ce type d'opérations commando; c'était mon métier il n'y a pas si longtemps encore.
    Nous observons et balayons du regard l'ensemble du paysage, essayant de trouver quelque chose qui allait nous faire rebrousser chemin. Tout le monde attendait le top. Mon top départ !.

    Au pied de cette cathédrale il n'y a personne. La nuit est claire, il y a du vent, et en silence, nous observons l'échafaudage.
    Nous évaluons le temps qu'il nous faudra pour nous retrouver sur le premier chemin de ronde au premier étage sans faire de bruit et en empruntant l'itinéraire convenu; Sur place, je vois les choses différemment. Il faudra 15 minutes si les trappes des panneaux s'ouvrent. Sinon, il en faudra plus. Nous ne savons rien de ce que nous allons trouver; Y a t-il des caméras, des systèmes de détection, des cul de sac, des dangers particuliers tel que des dalles fragilisées par l'érosion et le temps, bref, c'est l'inconnue. Personne n'a accès à ces lieux mis à part les ouvriers chargés de l'entretien de cet édifice.



    Après une demi heure d'observation, je donne les consignes et fais répéter à chacun son rôle. Je précise à nouveau qu'à l'époque, j'étais entre autres choses, moniteur d'escalade et qu'à ce titre, j'avais ce soir là, un rôle à jouer. La difficulté de franchissement de l'ouvrage était à mon sens du premier degré donc accessible à tous mais tout de même, je n'avais jamais fait de sortie de ce type avec mon frère et notre ami commun.
    A un moment donné, j'estime qu'il faut y aller. Rien d'inquiétant n'est venu perturber les lieux depuis une demi heure. La voie est libre et je prends la tête de l'expédition. Je vous dis pas les chocottes que nous avions ce soir là au début de l'ascension avant de nous retrouver sur la première plateforme.


    L'échafaudage est solidement fixé, ne fait pas de bruit de ferraille et les 3 premières trappes sont accessibles. Pour les 6 dernières, il faut escalader le long des châssis. Nous atteignons sans bruit et à pas feutrés le chemin de ronde en 10 minutes.

    C'est Pas mal pour une équipée préparée à la va vite ! Nous faisons le tour de l'édifice par l'avant et le spectacle qui s'offre à nous est splendide. Nos avancées sont ponctuées d'arrêts de sécurité et d'observations. Juste le temps d'admirer, de toucher ce que beaucoup de strasbourgeois ne touchent pas et ne toucheront vraisemblablement jamais.

    Nous communiquons aux gestes. Pas un mot, rien qui puisse éveiller l'attention. La cathédrale est encore confinée au niveau ou nous sommes et le moindre bruit se délite par un effet d'écho. Il faut faire attention.



    Le chemin de ronde est assez large, environs 80cm voir un mètre... Les pierres sont en assez bon état et nous arrivons devant la grande rosace. Un second arrêt s'impose. Juste le temps d'admirer le gigantisme de l'ouvrage. Regardez plus bas, sur la photo, vous verrez où nous avons stationné. Juste en bas de la rosace. Cette rosace nous apparaît grillagée et aucun pigeon n'a accès au vitraux plusieurs fois centenaires.
    France, Strasbourg, j'ai escaladé la Cathédrale de Strasbourg la nuit. Maison10


    Sur l'édifice, nos premières pauses sont assez longues et surtout les deux premières car il nous faut scruter le terrain et le moindre indice douteux.

    Après cette première halte, nous reprenons notre progression et faisons le tour de l'édifice sans avoir trouvé de passage assez franc pour atteindre l'étage supérieur. Les multiples escaliers en colimaçon sont fermés, grilles cadenassées. l'escalade me parait risquée pour le moment. Nous poursuivons et faisons le tour de la partie qui supporte la flèche ( partie gauche ).



    Derrière, je trouve enfin une possibilité d'accéder plus haut en escaladant les colonnes d'un escalier en colimaçon. C'est un endroit qui me semble à la portée de débutants que sont mes deux compagnons d'infortune.
    Je passe et suis le premier à grimper. Les prises sont bonnes, pas d'obstacle majeur et je trouve enfin un passage pour accéder à l'escalier;



    Je fais signe aux autres de me suivre et nous nous retrouvons sur la plate forme basse du clocher. Impressionnantes ces cloches ! Je me demande bien comment elles sont arrivées là.
    France, Strasbourg, j'ai escaladé la Cathédrale de Strasbourg la nuit. N1094610

    C'est là que nous entendons des gens parler. la frayeur est telle que nous nous asseyons dans un coin, en silence pour écouter. Les personnes semblent être à une trentaine de mètres de nous, immobiles et semblent manger. Je peux vous dire que l'idée de faire demi tour nous a effleuré l'esprit. Nous sommes perdus et Il faut prendre une décision.

    Je décide d'attendre et fais passer le message. Il faut attendre, je ne sais pas pourquoi mais c'est tellement irréel d'avoir des gens sur cet édifice à cette heure tardive et en plus qui se tapent la cloche que je me dis qu'il faut observer ça un moment avant de rebrousser éventuellement chemin.

    Décision est prise de rester et d'observer le manège. De ces balbutiements et rigolades feutrées qu'on entend à quelques mètres de nous, on remarque que ces personnes sont jeunes et vraisemblablement étudiantes .
    Seraient-ils aussi des visiteurs comme nous?
    D'un seul coup, il y a un réchaud qui s'illumine, ça sent le fromage et ils mangent. Étonnant spectacle qui s'offre à nous. De notre coté, personne ne bronche. On observe pour comprendre.

    La cathédrale serait visitée la nuit?
    Nous ne serions pas seuls à penser de telles aventures?
    Franchement, je ne sais quoi faire et il faut en découdre. Je pense sincèrement qu'il n'y a pas de danger à approcher et à nouer un contact; Le tout est d'y aller mollo pour ne pas provoquer de crise cardiaque.

    je propose de me rapprocher seul de ces gens. Je me lève lentement, sans bruit et commence à marcher vers ce groupe de jeunes. Mon approche semble interminable et je panique à l'idée de tomber dans un trou. Je distingue à peine le sol et la luminosité est faible. Je fixe la lumière bleue de ce réchaud jusqu'au moment ou je me rends compte que ces gens ne sont autre que des étudiants, en mal d'aventure et qui ont décidé de fêter un anniversaire sur la plateforme de la cathédrale de Strasbourg en consommant une raclette.

    Je cesse toute approche tranquille et je presse le pas vers eux tout en faisant attention. Ce plancher est en bois d'arbres mais il a peut être plusieurs siècle et les années ont pu le fragiliser. J'avance avec les bras horizontaux pour attraper une surface saine en cas d'effondrement.

    La surprise de ces jeunes est grande en me voyant pour la première fois. La jeune fille est terrorisée mais je dis de suite de ne pas avoir peur et de rester calme. je me présente spontanément et fait part de nos intentions.
    Les leurs sont les mêmes et il s'en suit une franche rigolade, la main devant la bouche...


    Dernière édition par Roger le Mer 6 Aoû - 23:45, édité 7 fois
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    Message par Cathy Mar 29 Avr - 1:23

    C'est génial, un peu fou quand même. Tu avais quel âge? Je ne crois pas que beaucoup de personnes peuvent se vanter d'une telle expérience. Tu nous conteras des autres "bêtises"?
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    Message par Roger Mar 29 Avr - 2:12

    je suis né le 24 août 1953, et ça s'est passé en 1991. Donc 38 ans.
    Mon dieu Cathy, s'il fallait que je te raconte toutes les bêtises que j'ai faites dans ma vie, il te faudrait lire une encyclopédie.


    Dernière édition par Roger le Mar 29 Avr - 17:21, édité 2 fois
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    Message par Roger Mar 29 Avr - 16:28

    Je siffle le ralliement et nous nous regroupons autour de ce réchaud. Salutations, présentations d'usage et on se livre les raisons qui font que nous nous retrouvons là.
    il y avait une étudiante et deux copains à elle. C'était son anniversaire et elle avait voulu le fêter sur la cathédrale avec ses deux meilleurs potes.

    Bien entendu nous sommes conviés à partager avec eux la raclette.
    L'ambiance est festive, nous faisons connaissance à voix basse mais je reste attentif à notre environnement immédiat.
    Nous faisons ensemble le tour du propriétaire et nous touchons aux cloches, immenses, majestueuses, attachées à des pièces de bois énormes et reliées à des mécanismes de mise en marche. C'est vraiment impressionnant. L'espace est immense et la vue sur Strasbourg est parfaite.
    On sent le vent souffler et s'engouffrer dans l'édifice. J'imaginais de voir cela le jour.

    En se rapprochant du mur extérieur, nous apercevons Un couple de jeunes mariés qui court en bas pour rejoindre je ne sais quoi, vraisemblablement la chambre nuptiale.
    Il est 1 heure du matin et il faut poursuivre. Nous prenons congé de nos amis après avoir échangé nos coordonnées et nous passons sous les toits de la cathédrale, à l'arrière de celle ci. Oulala que c'est grand, haut, et propre...
    Nous revenons sur la plate forme des cloches et je cherche l'accès aux étages. la seule solution qui apparaît c'est qu'il faut tenter de prendre un escalier en colimaçon. Je ne vois pas d'autre possibilité.



    Nous trouvons enfin un accès aux étages supérieurs. Il faut pour cela emprunter un escalier en colimaçon situé à l'arrière . Quelques mètres d'escalade suffisent pour atteindre un passage étroit nous permettant d'accéder à l'escalier. Ce fut difficile car mon frère a hésité un bon moment et songeait à rester sur place.

    Une fois dans l'escalier, nous avons gravi les marches en tournoyant sans cesse. Une centaine de marches au moins si ce n'est plus, je sais plus.ça m'a paru interminable.
    La vue imprenable nous faisait marquer parfois des temps d'arrêt. Il y avait peu d'activité au sol mais le peu de gens qui marchaient en parlant, nous alertaient. Nous avions l'impression d'être vraiment à coté deux.
    Une fois en haut, nous étions sur la plate forme que foulent tous les visiteurs de la cathédrale. Nous avions fait la moitié du chemin et il était deux heures du matin.
    Nous prenons le temps de marcher tranquillement sur cette plate forme et nous reprenons l'ascension.
    Cette fois il faut franchir un haut grillage protecteur et séparateur des lieux de visite pour accéder à la base de la flèche.
    Pas évident, nous restons accroché à tour de rôle au grillage qui est trop souple et mal attaché .

    A partir de là, nous avons eu toutes les difficultés du monde à trouver une porte ouverte en bas de chacun des 4 escaliers en colimaçon aux angles de la flèche. Contraints forcés, nous avons du envisager sérieusement l'escalade par l'extérieur, très dangereux mais obligatoire si nous voulions poursuivre.




    Escalader le long d'une des spirale sur une dizaine de mètres au moins devenait incontournable. Nous choisissons l'escalier nord, celui qui nous expose le moins à la lumière extérieure. Ça flippait un max en dessous de moi. Il y avait un vent fort et à ce stade de la grimpette, nous commencions à sentir des mouvements insignifiants mais très perceptibles de la flèche; ce n'est que bien longtemps après que j'ai réalisé que la flèche ne bougeait pas du tout et que tout ce que nous avions ressenti n'était que pure imagination, Sorte de mélange entre le vertige, le vent, la peur, l'étroitesse des passages et l'environnement sombre de la nuit. Mais le vent était fort et sa vitesse s'accentuait au fur et à mesure que nous prenions de l'altitude.




    C'est haut, c'est tellement haut que vous pouvez avoir le vertige, d'autant que vous n'avez que peu d'espace pour progresser.
    Cela vous étonnera peut être mais cet escalier nous avons été obligé de le gravir de coté car il est très étroit.
    La peur s'empare de Philippe qui songe à redescendre. Il est entre Gilles et moi et il est impossible de se croiser. C'est pas assez large!
    Il décide tout de même de se reprendre et de continuer jusqu'en haut, le dernier palier avant l'ascension oblique, le toit de la cathédrale comme je disais à l'époque.

    Nous reprenons la progression , tranquillement, un pied devant l'autre en assurant notre assise à chaque fois; Ce n'est que du grès et quel grès !
    Une fois en haut nous prenons d'infinies précautions pour trouver un chemin vers le sommet. C'est l'angoisse vu l'enchevêtrement des voûtes et des passages sans sol. Le vide absolu.
    Mais comment font les artisans qui réparent cette cathédrale lorsqu'ils doivent changer des pièces de grès? Incroyable !
    Les slips commencent sérieusement à avoir des traces de freinage chez mes compagnons.
    Moi je suis bien, je suis dans mon élément et sans cesse absorbé par la sécurité qui prend une large place dans le dispositif.
    Les pierres sont saines mais de plus en plus fines. C'est remarquable. Rien ne semble ébranlé et dangereux à toucher. Tout va bien pour le moment.
    Un bref coup d'oeil à ma montre et elle indique 4 heures.




    Nous faisons une pause avant la dernière étape. il nous vient à l'esprit de s'arrêter là mais je donne l'impulsion nécessaire et que je connais bien pour l'improviser de temps en temps lors des cours d'escalade; c'est de toute évidence du premier degré en difficulté et c'est accessible à tous; Mais la peur de l'inconnue, le risque, l'aspect illégal de notre démarche perturbe un peu tout le monde dans la cordée si je puis dire.
    Personne ne parle, tous, nous admirons le paysage et les pierres alentours.
    c'est beau, c'est grandiose.




    Voila, nous y sommes sur ce palier. Le vent souffle et nous sommes contraints de nous parler pour communiquer.
    A cette hauteur, peu de chance d'être entendus.
    La flèche est à portée, nous le savons maintenant et l'enthousiasme est collégial.
    Je prends les devants en allant explorer le site. Il faut accéder à l'un des escaliers obliques de la flèche. Pas de problème, ils sont tous accessibles. Je décide de partir en éclaireur et me voila entrain de tournoyer de profil dans cet escalier oblique qui me mène tout droit à la dernière plate-forme de la flèche. Il me faut 5 minutes pour y être et là, c'est impressionnant. Des siècles de visites sont gravés dans les pierres.
    Vous pouvez pas imaginer mon émotion.
    Tant de gens sont passés par là en laissant une empreinte dans la pierre. des dates anciennes. 1613, 1805 et j'en passe.
    Gertrude, Hildegarde, joseph, Radegonde, Lucien, nono aussi. A ma mère, pour toi que j'aime, je ne t'oublierai jamais, que dieu m'en est témoin; Plein de choses, de messages pour l'éternité.




    J'ai frôlé ces pierres de ma main. J'étais en admiration devant tant de témoignages.
    Des sigles, des lettres inconnues, des dessins, des croix et que sais-je encore... J'ai regretté de n'avoir pas pris d'appareil photo avec une pellicule de 4 ou 600 asa, permettant de prendre des clichés dans l'obscurité. Ce sera pour la prochaine fois.
    Gilles et Philippe me rejoignent et nous prenons le temps de lire avec nos lampes torche équipées de filtres lumière.
    Plusieurs siècles d'histoire des peuples de la région sont gravés là, à l'insu des habitants d'aujourd'hui, non répertoriés et livrés au temps et aux ouvriers qui soignent la grande dame.
    Le vertige est perceptible. il y a beaucoup de vent et la sensation de mouvance de l'édifice est nette; Il n'en est pourtant rien, elle ne bouge pas.




    Il est 4h30 lorsque nous entamons la descente. L'itinéraire du retour est identique à l'aller. Il nous faut cependant faire des efforts de mémoire pour retrouver les passages empruntés à l'aller. Pas évident et nous perdons beaucoup de temps avec de multiples hésitations. Moi je veux assurer et le temps passe.
    Nous approchons de la plate forme lorsque sur un chemin de ronde, un vigile se promène.

    Panique à bord, tout le monde se tapis contre une paroi et attend le passage de ce personnage qui semble n'en avoir rien a faire de l'observation des lieux.
    Mais que fait ce type en haut de la cathédrale à 4h50 du matin?
    Mais qu'est-ce que c'est que ce plan?
    Mauvais film !
    Il ne nous voit pas. C'est déjà ça ! Il marche, s'arrête, puis à un moment donné disparaît par l'escalier aux touristes. Celui là, il n'est pas venu fêter un anniversaire avec les copines.
    On fait quoi selon vous dans ce cas, on continue, on reste un moment pour voir ou on y passe 24 heures en attendant le lendemain?
    Nous nous demandons même si ce n'est pas un visiteur de la nuit, comme nous et les jeunes étudiants croisés plus bas!




    Toutes ces interrogations sont restées sans réponse. Alors que ce type n'est plus réapparu pendant 15 minutes pleines j'ai décidé de reprendre la progression. Tant pis, il faut quitter les lieux, Strasbourg s'éveille et il est temps de rentrer chez à la maison.
    Nous reprenons la progression et l'arrivée sur le premier chemin de ronde fut une délivrance.
    Un bref tour d'horizon pour tenter de localiser l'escalier des touristes. Il n'y a aucune activité, tout est calme.

    Cette fois nous courons vers l'échafaudage et je vous dis pas la vitesse de désescalade de l'ouvrage. Plus personne n'avait le vertige et tout le monde sentait l'écurie.
    Les gens, les livreurs au travail nous regardaient hébétés mais personne ne nous adresse la parole.

    Craignant d'être reconnus, nous ne les regardons pas et au sol, c'est la poudre d'escampette ...... Nous nous séparons à pied, chacun marche de son coté et s'il le fallait, ne se souvient plus de rien et n'a jamais vu les autres.
    La voiture, je l'ai récupéré vers 13 heures.




    Voila, ne le faites pas, c'est interdit. Enfin, si vous cherchez un guide, j'en connais un bon, maintenant...
    J'espère ne pas vous avoir lassé et vous avoir fait partager un petit bout de ma vie car J'en ai fait plein d'autres des bêtises...

    roger Pfaffenhof.
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    Message par Roger Ven 8 Aoû - 16:41

    Voila un éditeur qui veut publier mon récit.
    J'en suis flatté.
    Il vient de me répondre après mon accord.


    Hello Roger,

    Superbe texte… Merci…
    Notre maquettiste est en train de faire la couverture.
    Elle sera finie – je pense – la semaine prochaine et je te l’enverrai…

    Amicalement,

    Thierry

    Thierry GOGUEL d'ALLONDANS
    Résidence La Villette
    150A, Route de Schirmeck
    67200 Strasbourg
    FRANCE
    Tél.: 03.90.22.59.02.
    thigodal@noos.fr
    http://www.thigodal.net





    Donc si vous avez des histoires croustillantes et vécues à raconter, n'hésitez pas, vous serez certainement sollicités...
    Roger
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    Message par Roger Ven 31 Oct - 21:04

    ------------


    Ce lien est pour Thierry.
    Il y a plein de photos de la cathédrale de Strasbourg prises d'en haut et incluant les gravures anciennes, les graffitis.
    il y a trois pages.

    https://planetevoyages.forumactif.com/les-sorties-visites-et-decouvertes-du-week-end-f124/monter-sur-la-cathedrale-de-strasbourg-t599.htm








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    Message par Christine Sam 1 Nov - 1:09

    C'est super,en effet,bravo Roger!
    Mais où ton futur éditeur a t il lu ton récit?
    Je sais que tu l'as posté à plusieurs endroits..
    Roger
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    Message par Roger Sam 1 Nov - 1:47

    oui, je viens de lui envoyer un mail. Il m'avait demandé des photos de la cathédrale et là, je crois qu'on en a fait pas mal.
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    Message par Christine Sam 1 Nov - 2:16

    Effectivement tu as de quoi illustrer ton récit en plus:)
    Roger
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    Message par Roger Ven 28 Nov - 3:06

    Bonjour Roger,
    Bonjour Erwan

    La construction d’un livre et d’une nouvelle collection prend du temps, mais enfin les choses se précisent et la sortie de vos textes est désormais annoncée. Voici le document publicitaire à destination des commerciaux des Presses Universitaires de France qui diffuseront votre livre.
    Il reste encore à maquetter vos textes (début janvier) et à voir la question des photos illustratives. Dès que j’en sais plus je vous contacte.
    Vos contrats vous parviendront bien sûr avant parution.

    Amicalement,

    Thierry

    Thierry Goguel d'Allondans
    150A, Route de Schirmeck 67200 Strasbourg - France
    Tél.: 03.90.22.59.02. Courriel: thigodal@noos.fr Site: http://www.thigodal.net
    CULTURES & SOCIÉTÉS Sciences de l'Homme
    http://www.teraedre.fr
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    Dernière édition par Roger le Mer 25 Fév - 23:12, édité 2 fois
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    Message par Guy Ven 28 Nov - 13:37

    Je vois que cela avance Bravo Roger tu vas y arriver
    bonne journée
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    Message par Christine Ven 28 Nov - 23:35

    France, Strasbourg, j'ai escaladé la Cathédrale de Strasbourg la nuit. 470631 C'est vraiment chouette!
    Jany
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    Message par Jany Sam 29 Nov - 22:23

    France, Strasbourg, j'ai escaladé la Cathédrale de Strasbourg la nuit. Felicitations_joliecarte2 Roger
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    Message par Roger Dim 14 Déc - 15:50

    dès que le livre sortira , une présentation du livre sera organisée à la librairie Kléber où il sera bon que je sois là pour dédicacer le livre à mes lecteurs.
    Je vais être mondialement connu !
    Christine, tu pourrais me prêter un beau stylo ?
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    Message par Christine Lun 15 Déc - 17:21

    Je t'en offrirai un même pour l'occasion!!

    J'attends de connaitre la date de la séance dédicace!!Yes! France, Strasbourg, j'ai escaladé la Cathédrale de Strasbourg la nuit. 470631
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    Message par Roger Mer 17 Déc - 22:10

    c'est sympa!
    merci Christine.
    Je vais d'ailleurs aller voir de suite ton forum sur Wangen, voir comment il évolue.
    Roger
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    Message par Roger Mer 25 Fév - 22:49

    Mon livre va bientôt être sur le marché;
    L'éditeur a rédigé la préface que voici.
    Dès son retour d'Afrique où il va en vacances, je pense que je serai appelé à le dédicater à la librairie Kleber à Strasbourg.
    Il sera aussi en vente sur le net et dans les librairies;
    Voici en avant première la page de couverture et la préface.







    Vous avez dit « initiatiques » ?

    Thierry Goguel d’Allondans*




    Bonjour Roger,
    Bonjour Jean,

    Avant mon départ pour le Congo Brazzaville, voici ma préface pour ton texte Roger.
    Je rentre le 11 mars.

    Amicalement,

    Thierry

    Thierry Goguel d'Allondans
    150A, Route de Schirmeck 67200 Strasbourg - France
    Tél.: 03.90.22.59.02. Courriel: thigodal@noos.fr Site: http://www.thigodal.net
    CULTURES & SOCIÉTÉS Sciences de l'Homme
    http://www.teraedre.fr


    Dernière édition par Roger le Mer 25 Fév - 23:47, édité 2 fois
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    Message par Roger Mer 25 Fév - 22:53

    Une nouvelle collection voit le jour, « Initiatiques », pour accueillir, nous l’espérons, de fort belles histoires en bien belles proses. C’est toujours un peu émouvant ; certains se risquent même à entrapercevoir dans l’aboutissement d’une œuvre littéraire, une sorte de gestation suivie, en point d’orgue, d’un accouchement plus ou moins aux forceps. Ici ou là, des éditeurs sont, bel et bien, maïeuticiens, accoucheurs, découvreurs, même si, hélas, d’autres malmènent, et souvent moins symboliquement, leurs parturient(e)s, leurs auteur(e)s. Mais, en poursuivant cette métaphore – et en filant l’hypothèse qu’il est plus facile de faire un enfant que de le mettre au monde – s’il est aisé de faire un livre, d’imprimer du joli papier, il devient bien ardu d’être écrivain – « c’est en écrivant qu’on devient écrevisse » raillait Hans Arp – de faire trace, de laisser une empreinte… Le prétexte de ces ouvrages pourrait pourtant y prétendre. En effet, ce ne sont pas vraiment des événements – dans un monde qui se gargarise d’événementiels –, mais plutôt des « événements d’être » qui seront narrés ici, de ceux qui, ouvrant une voie, la frayant, sont, au-delà de l’éphémère, chemins d’initiation.
    Sans doute, à force d’être employée, dans le langage courant, à tort et à travers, l’initiation a-t-elle perdu à la fois de son sens, de sa force, de son heuristique. On peut désormais s’initier aux arcanes de la politique au même titre qu’aux arts martiaux et autres sports de combat (même L’anthropologie n’est pas un sport dangereux, nous rappelle Nigel Barley, en 1988), à la pâtisserie et la confiserie comme à la conduite fluviale en péniche ou en voilier ! Or l’initiation n’est pas réductible à une simple découverte, à un début émérite, à une bonne introduction à un art complexe, à un banal apprivoisement de techniques nouvelles ou même à une prise d’initiatives. L’initiation, d’abord parce qu’elle opère un pivotement, hors de l’ordinaire, du profane au sacré et inversement, obéit à trois niveaux d’acception : l’accès, le procès et le décès (ou, en fonction des cérémonies et de leurs séquences, décès, procès, accès). De fait, en reprenant la classification, en triptyque, de l’ethnologue Arnold van Gennep (1909), le novice est d’abord – et ce n’est ni simple, ni automatique – admis, parfois au prix d’épreuves redoutables, aux mystères (rites préliminaires), l’impétrant démarre ensuite un cycle initiatique – plus ou moins long suivant les peuples – qui va progressivement, « processuellement », l’inscrire dans une tradition culturelle (rites liminaires) et s’achèvera par une mutation ontologique, un changement radical reconnu socialement, généralement de statut au sein de son groupe, de sa tribu, de son clan (rites postliminaires). L’initiation aborde la question de la (re)connaissance via la transmission ; elle nécessite pour cela une rencontre. La connaissance ne s’engrange pas comme le blé dans les greniers, elle fait corps, elle devient corps… Ainsi les savoirs ne s’acquièrent nullement par les seuls dispositifs aussi ingénieux soient-ils (cf. l’ingénierie de formation), ni par des programmes les plus scientifiquement élaborés (cf. les « mastérisations » des formations supérieures)… Ils s’assimilent quand on peut les palper, ils s’incorporent lorsqu’on peut enfin se les imaginer, les percevoir, les sentir, les entendre, les toucher, les goûter… Quelques personnes surdouées, parfois autistes, nous renseignent sur cela, tel un imaginaire personnel des chiffres qui permettra, par des indices de couleur par exemple, de retenir un nombre invraisemblablement long. Au-delà de la connaissance, l’initiation s’achève, elle, lorsque l’initié est devenu autre : il est symboliquement mort – le symbolique est ici sens, reconnaissance et partage – car il a renoncé à son monde antérieur (perte) pour renaître, tout aussi symboliquement, à un nouveau monde, à un monde et à de nouvelles responsabilités (gain) qu’il lui faudra découvrir, puis assumer (risque). Il y a, dans sa démarche, une dimension éthique décelable dans ces imbrications de pertes, gains et risques.
    À cette occasion, il a rencontré des êtres incarnés qui, sans doute, l’ont initié mais ne sont pas, à proprement parler, des initiateurs. Ils sont plutôt, pour reprendre la belle expression de Mircea Eliade (1959), des « gardiens du seuil ». Ils autorisent, garantissent et servent. Leur seul objectif, leur mission principale : devenir des serviteurs inutiles. De fait, ils sont pris, eux-mêmes, dans quelque chose qui les dépasse. Ils ne sont pas des pièces maîtresses mais des rouages indispensables. Dès lors, ils ne se présentent pas comme des gourous, car ils sont, plus simplement mais de manière incontournable, des artisans de l’enchevêtrement du Monde ; ils participent à une cosmogonie en actes. Car se représenter le Monde permet d’y trouver place. Don Juan Mathus, un des derniers sorciers yaquis, pour exemple, n’enseigne pas, au sens littéral, les arts chamaniques toltèques à Carlos Castaneda, jeune anthropologue, élève d’Harold Garfinkel, il le laisse errer, emprunter des chemins de traverse et, parfois, lui indique, non sans justesse, une autre focale, ce léger déplacement (du « point d’assemblage ») qui permet d’avoir un autre point de vue (Castaneda, 1971). Carlos n’est pas l’étudiant de don Juan, il est son apprenti. En ce sens, l’initiation est, elle, a contrario de la connaissance, impalpable. L’initiation peut amener à la connaissance, mais la connaissance ne fait pas l’initié ; si l’initiation s’éprouve dans le corps, elle promeut un nouvel état de conscience, ...
    Parmi les nombreux passages qu’affronte l’individu – fût-ce dans une ritualisation collective qui engage d’abord sa communauté – le passage à l’âge d’Homme (Cassagnaud, 2009) est, sans aucun doute, le premier à s’être effacé devant les rejetons de la modernité avancée (cf. l’apparition voire l’invasion des adolescents tout au long du 20ème siècle), même si d’autres rites, tels ceux d’enfantement, d’alliance et de funérailles, connaissent eux aussi des effritements notables mais non encore irréversibles. Comment souhaiter, appréhender puis vivre, aujourd’hui, le temps et l’espace de l’adulte, l’adultité ? Comment, parfois, se remettre au monde quand on y a été mal mis, mal mené ? Comment trouver place, puis comment faire lien ? Dans une société traditionnelle, la marge de manœuvre du sujet est extrêmement restreinte. Les castes, les classes, les alliances, la vie quotidienne, les organisations sociales, entre autres éléments de culture, sont souvent prédéfinies et s’articulent autour des mythes, des rites qui peuvent se lire comme autant de représentations voire de conceptions du Monde. Les discours et progrès des sciences ont ouvert au sujet moderne le champ des possibles, il a gagné en libertés, il les paye de son isolement. Le sens commun, les solidarités s’épuisent ; le collectif se fissure, craque et finalement cède devant de petites individualités éparses…
    Sommé quasi de s’auto concevoir, s’auto engendrer, s’auto définir, s’auto promouvoir, le sujet – on osera le qualificatif dévolu – postmoderne manque singulièrement de boussole (Lyotard, 1979). Par ailleurs, nous ne naissons libres et égaux qu’en droit. Dès les premiers vagissements, les écarts se creusent. Les environnements familiaux, sociaux et culturels vont être déterminants : on ne naît pas à ce que l’on sera sur cette terre, on le devient, au gré des contextes, des circonstances et des rencontres. Cela permet des bouleversements, y compris – même si plus rarement – des ordres établis. Pu Yi, dernier empereur de Chine, élevé à cette dignité dès l’âge de 3 ans, sera rapidement mis en résidence surveillée, puis interné par le régime maoïste, avant de finir ses jours comme jardinier de la ville de Pékin (cf. le long métrage de Bernardo Bertolucci, Le dernier empereur, 1987). Mais parfois, comme dans le film Slumdog Millionnaire (Danny Boyle, 2009), on peut sortir d’un bidonville et devenir un nanti. Les chemins n’étant plus tracés, certains restent rivés au sol, tournent en rond, errent désespérément de place en place, d’autres se lancent, se perdent, se retrouvent ou (se) découvrent.
    Cette collection donne la parole, par la plume, à des hommes et des femmes qui, à un moment du chemin, ont senti l’impérieuse nécessité d’en changer, avec parfois le sentiment de faire fausse route, d’oser donc la traverse, le non frayé, l’inconnu,… On peut parler ici d’aventure, même si nos auteurs sont plus aventureux qu’aventuriers. Le risque n’est pas si grand si c’est celui de vivre, parfois de vivre enfin, de renaître. Les ouvrages que nous vous proposerons, chaque année, avec, à chaque livraison, deux récits, ne sont surtout pas des livres de recettes. Leurs auteurs nous rappellent l’unicité de nos vies. L’un voyagera à l’autre bout du monde, quelque milliardaire vers d’autres mondes, mais lui se contentera du coin de la rue, elle du divan de son psychanalyste… Et vous ?



    Roger, toujours plus haut, toujours plus loin


    Alors que j’engageais un travail d’écriture avec Erwan Rouzel pour lancer la collection « Initiatiques », un jeune collègue, psychologue et néanmoins ami (sourire), Sébastien Dupont, m’informa qu’il avait vu, sur l’effrayante et fascinante « toile d’araignée mondiale » (le World Wide Web), quelque chose d’étonnant et qui devrait, à coup sûr, m’intéresser. Assez rapidement, il m’envoya un texte écrit par un certain Roger Pfaffenhof évoquant, succinctement mais non sans lyrisme, son escalade de la cathédrale Notre Dame de Strasbourg, quasiment « ma » cathédrale puisque je suis né à ses pieds et vis, depuis, à ses côtés, non mais ! Il s’agissait assurément de ce que les fins gastronomes nomment une bonne mise en bouche ! À la manière aussi des excellents feuilletons de naguère (à suivre), j’avais envie d’en savoir plus, de connaître la suite. Je me risquais donc à aller à la pêche, ou plutôt à resserrer les filets autour de mon araignée ! D’ailleurs Roger Pfaffenhof n’était-il pas, pour escalader de nuit 142 mètres de grès des Vosges, Spiderman ?
    Les jeunes d’aujourd’hui entrent facilement en relation, par Internet, avec des inconnus. Il me reste quelques vestiges d’une prudente politesse que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Mon courage à deux mains, j’adressais donc ma requête à la « cour du curé », littéralement au Pfaffenhof, qui me répondit fort civilement, fort simplement, fort rapidement et par l’affirmative. Oui il pouvait m’adresser un texte plus complet, oui il pouvait le rallonger si besoin, oui je pouvais en disposer à ma guise, oui il pourrait me fournir des photos, oui je pouvais le rencontrer. Je m’aperçu, par la suite, que Roger avait plusieurs blogs (petits sites sur le Web, entre journal intime et forum) et conversait avec de nombreuses personnes, amis ou non, renseignant les uns, aidant les autres. Ses connaissances informatiques, sa socialité bon enfant me laissaient imaginer un adolescent sans doute un peu plus extraverti qu’Erwan. Je me trompais. Quelque chose aurait pu pourtant me mettre la puce à l’oreille, le « blogueur » Roger faisait preuve d’un incroyable sens du partage : depuis des choses très simples (photos ou carnets de voyages) jusqu’à des avis plus autorisés (conseils judicieux dans des situations complexes). Sauf à découvrir un gamin boutonneux prématurément vieilli par un QI supérieur à la moyenne, j’avais affaire à quelqu’un qui savait beaucoup de choses. De fait, mais je ne le savais pas encore, j’allais rencontrer quelqu’un d’une grande maturité, de celle dont on se plait à rêver qu’elle devrait être la caractéristique de l’adulte, de tout adulte, ou du moins d’un adulte qui puisse donner un peu l’envie, à nos enfants, d’en devenir un.
    En rencontrant Roger, séduisant quinquagénaire – un petit côté baroudeur à la Jean-Paul Belmondo – j’allais m’apercevoir que ses connaissances étaient alimentées par une insatiable curiosité et une incroyable ouverture à l’autre. Je compris plus tard que ses nombreux voyages l’avaient rendu attentif aux dimensions de l’étranger et de l’altérité. Nous avons, par exemple, en commun un goût et une grande connaissance du continent africain et de bon nombre de ses pays. Il est natif du Sénégal, y a vécu et compte s’y installer dans quelques années. Mais nous avons un autre point commun : Roger a toujours le sourire. « Dans mes démarches quotidiennes – écrit-il sur un de ses blogs – qu'elles soient commerciales ou familiales, j'ai toujours envie de m'amuser. Je joue avec tout. J’ai toujours le sourire et je drague sans cesse. C'est un trait de caractère que je corrige difficilement. Pour moi, s'amuser de tout est une passion. Rigoler comme une baleine ne tue personne. Une femme te pardonnera toujours si tu brusques l'occasion, mais jamais si tu la manques ! Avoir le sourire ne coûte rien. Tu peux obtenir plein de choses en étant courtois, simple et de bonne humeur. Quand tu es plein de vie tu n'as pas de soucis existentiels. De cette situation naît l'espoir et la vie continue... ». Mais il n’y a rien d’adulescent chez Roger, il ne joue pas à être jeune, il aime la vie fut-ce de manière un peu canaille. Proche de la nature – il fabrique même des fustes – il se plait à préférer « rajouter de la vie aux année, que des années à la vie ». Il aurait pu, dans d’autres circonstances, assurément être anthropologue.
    Je ne vous ai rien dit de son exploit, de son récit initiatique si ce n’est qu’il escalade, nuitamment, la cathédrale de Strasbourg. Chaque chemin – ici une ascension – est unique nous l’avons dit, haut et fort. Nous le répéterons autant que nécessaire. Et ils seraient grandement stupides, celles ou ceux qui voudraient, demain, reproduire cette aventure-là. Elle ne vaut que pour lui et ceux qui l’accompagnaient, parce qu’elle survint à un moment décisif de sa vie, opportun pour eux, à une conjonction d’êtres. On ne peut s’empêcher, et la « cour du curé » y prête, à voir, dans ce récit initiatique, une dimension religieuse que n’aurait pas renié Roger Caillois (1970). Ce dernier rappelle que si la religion s’origine étymologiquement de relier (religare) ce n’est pas seulement le bas avec le haut (les mortels humains avec une transcendance divine) mais aussi les hommes entre eux (communion), le lien n’est pas que vertical, il est aussi horizontal. Roger est monté (clin d’œil) « au plus haut des cieux », pour le ciel de Strasbourg ! Fidèle en amitiés, il passe aujourd’hui son temps à cultiver les liens, sur cette terre, entre tous les hommes de bonne volonté qu’il croise sur sa route...



    Notes bibliographiques
    BARLEY Nigel, L’anthropologie n’est pas un sport dangereux, Paris, Payot & Rivages, [1988] 1997.
    CAILLOIS Roger, « Le grand pontonnier », dans Cases d’un échiquier, Paris, Gallimard, 1970.
    CASSAGNAUD Josy (dir.), Cultures & Sociétés « Le passage à l’âge d’Homme », Paris, Téraèdre, n°9, janvier 2009.
    CASTANEDA Carlos, Voir. Les enseignements d’un sorcier yaqui, Paris, Gallimard, [1971] 1973.
    ELIADE Mircea, Initiation, rites, sociétés secrètes. Naissances mystiques. Essai sur quelques types d’initiation, Paris, Gallimard, 1959.
    GOGUEL D’ALLONDANS Thierry, Rites de passage, rites d’initiation. Lecture d’Arnold van Gennep, Québec, Presses de l’Université Laval « Lectures », [2002] 2004.
    LYOTARD Jean-François, La condition postmoderne, Paris, Minuit « Critique », 1979.
    VAN GENNEP Arnold, Les rites de passage, Paris, Picard, [1909)] 1981.

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    Message par Christine Mer 25 Fév - 22:57

    Voilà tu as gravi les marches! Bingo!
    C'est amusant de lire l'avant propos quand on connait déjà l'histoire!!
    J'attends la suite ...quand même!
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    Message par Roger Mer 25 Fév - 23:10

    Christine,
    Tu viendra à la librairie pour que je te dédicace un livre ?
    Celui là je te l'offrirai.
    j'ai offert des BD à ta p'tite Violette alors qu'à toi, je n'ai encore rien offert de pareil; Eh bien ce sera un livre.
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    Message par Christine Jeu 26 Fév - 0:20

    France, Strasbourg, j'ai escaladé la Cathédrale de Strasbourg la nuit. 968903 Roger j'espère être là!
    Tu nous donneras la date dès que tu l'auras...
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    Message par Roger Jeu 26 Fév - 0:22

    oh oui. Je ne manquerai pas de vous la communiquer.
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    Message par Christine Jeu 26 Fév - 0:25

    Ok merci Roger!
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    Message par martine Jeu 26 Fév - 0:42

    et bien Roger,j'ai hâte de lire ton livre!
    Je vais guetter sa sortie.
    Martine
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    Message par Roger Jeu 26 Fév - 1:02

    Ca me fait tout drôle d'avoir été un jour repéré par un éditeur.
    J’ai déjà commencé la rédaction d’ un autre ouvrage sur une histoire incroyable que j’ai vécu en 1990. Un enfer de 4 jours et 3 nuits dans les montagnes pour rallier Font Romeux à la mer méditerranée en passant en pleine nuit par de nombreux cols enneigés, notamment le Canigou. Une marche complètement folle réalisée par groupe de trois personnes avec des soldats français, Belges, Marocains, djiboutiens, des gendarmes du GIGN. Un stage international d'une difficulté extrème dont je suis un des rescapés puisque sur 60 candidats, 26 on terminé le stage et 13 seulement l'ont réussi. j'étais 12ème.
    J'avais commencé à l'écrire un jour sur un autre forum mais l'administratrice l'a effacé. Le prétete d'une panne informatique globale, sorte de grand bug. Je n'y ai pas cru mais qu'importe, Elle aurait pu me demander pour que je sauve cet ouvrage avant effacement; C'est pas grave, j'ai vraiment envie de reprendre ce récit.

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