Rue de la chaine.
Nous tournons à droite et au bout, la place St Thomas et l'église. En fait c'est un temple puisque c'est protestant.
Pas mal. J'espère qu'on va se régaler. cette fois nous sommes arrivés après l'office religieux et personne n'a trouvé à redire que nous visitions.
L'église protestante Saint-Thomas (aussi appelée Thomaskirche en allemand) est une des plus importantes de Strasbourg, au point de vue de l'histoire culturelle et de l'architecture.
Surnommée la cathédrale du protestantisme en Alsace, l'église est le seul exemple d'église-halle dans la région. Il s'agit également de l'unique église protestante à avoir conservé des chanoines.
Architecture L'église Saint-Thomas possède un type architectural très particulier puisqu'il s'agit d'une église-halle à cinq vaisseaux d'égale hauteur - la plus ancienne de l'Allemagne du Sud-Ouest -, s'opposant ainsi à la conception basilicale habituelle. L'église est surmontée de deux tours-clochers : une carrée sur l'entrée principale et une hexagonale sur la croisée du transept[1].
À l'intérieur, sa longueur est d'environ soixante-cinq mètres, sa hauteur d'environ vingt-deux mètres - environ trente mètres sous la coupole de la croisée du transept, de style gothique tardif -, sa largeur d'environ trente mètres. Les deux côtés des nefs latérales extérieures abritent des tribunes. À droite et à gauche de l'abside du chœur se trouvent des chapelles séparées, également de style gothique tardif. L'église est classée monument historique depuis 1862.
Oulala, là au fond il y a quelque chose d'intéressant.
Période CatholiqueOn trouve à l'emplacement actuel un lieu de culte sous le vocable de l'apôtre Thomas depuis le VIe siècle. Saint Florent, évêque de Strasbourg mort en 693, est enterré à cet endroit.
Au IXe siècle, l'évêque Adeloch décide de reconstruire une église vers l'an 820, en même temps que l'école avoisinante. Les biens acquis par la paroisse ou légués par des fidèles sont alors administrés par un chapitre, dont le rôle est de les faire fructifier. Pour manifester leur reconnaissance à l'évêque Adeloch, les religieux vont faire sculpter un impressionnant sarcophage de style roman vers 1130.
L'église et l'école Saint-Thomas sont toutes deux détruites par un incendie en 1007, tout comme la cathédrale Notre-Dame et le tiers des habitations strasbourgeoises. Puis, en 1144, c'est la foudre qui à son tour détruit entièrement l'édifice. La reconstruction, à partir de la façade, d'un nouveau bâtiment en forme de forteresse avec l'imposante tour-porche de style roman, débute en 1196. Interrompu plusieurs fois, ce travail de construction se termine en 1521 - avec la chapelle des Saints-Évangélistes - sur le bas-côté sud -, dans un style gothique tardif, qui a été préservé jusqu'à aujourd'hui.
Photo Wikipédia.
Période protestanteLa Réforme, prêchée par Luther en 1517, gagne rapidement l'Alsace et le premier culte célébré en langue vernaculaire à Saint-Thomas en 1524, avec la distribution de la Sainte-Cène sous les deux espèces. L'église est alors assignée au culte luthérien en 1524, statut qu'elle peut conserver malgré l'annexion de l'Alsace par la France catholique. Le chapitre, réunissant un collège de chanoines, anime le protestantisme strasbourgeois à partir de 1529[1]. Le réformateur Martin Bucer (1491-1551), pasteur successivement à Sainte-Aurélie et à Saint-Thomas, marquera alors la cité strasbourgeoise. Il tentera d'unir les différentes tendances protestantes entre elles par de nombreux voyages à travers toute l'Europe.
La promulgation par le roi de France Henri IV de l'édit de Nantes en 1598, promettant davantage de tolérance envers les protestants, ne concerne pas l'Alsace, puisque n'étant pas encore intégrée au royaume de France. Ce sera chose faite par les traités de Westphalie, signés en 1648. Le chanoine Marc Otto, du chapitre de Saint-Thomas, fait partie des signataires de ces traités de paix, sonnant la fin de la guerre de Trente Ans qui a dévasté la région et affirmant qu'aucun seigneur ne peut à présent forcer quiconque à se convertir. L'église Saint-Thomas, seconde église de Strasbourg de par sa superficie, devient la principale église protestante après la restitution de la cathédrale Notre-Dame au culte catholique, en 1681.
En 1770, le juriste Johann Reinhard Kugler devient chanoine de Saint-Thomas[2]. À la fin du XVIIIe siècle, les idées de la Révolution française atteignent Strasbourg et sont accueillies assez favorablement par les protestants. Cependant, la vente des biens nationaux les inquiète fortement, de sorte que le juriste Christoph Guillaume Koch, dont le monument funéraire est conservé dans la partie nord-est de l'église, réussit à obtenir le décret du 17 août 1790, exemptant les biens protestants de cette vente. Sécularisés depuis la Réforme, les revenus de ces biens sont employés pour des buts d'utilité publique, et notamment dans des écoles. Puis viendra sous le règne de l'empereur Napoléon Ier la structuration du protestantisme français, avec les articles organiques du 8 avril 1802 et la création de structures encore en place.
L'Alsace-Lorraine est annexée par le Reich en 1871. Les dégâts sont lourds à Strasbourg : la guerre a détruit le Temple Neuf, dans lequel se trouvait une immense bibliothèque ainsi que le meilleur orgue Silbermann. L'État allemand reconnaît le Concordat de 1801 pour l'Église catholique et les articles organiques pour les Églises protestantes. Malgré tout, des relations demeurent avec le protestantisme français. C'est ainsi que le jeune Albert Schweitzer fera des études à Paris et à Berlin. Très doué comme organiste, il prépare simultanément un doctorat en philosophie sur Kant et en théologie. Il devient enseignant à la faculté de théologie, vicaire à Saint-Nicolas et directeur du séminaire protestant, tout proche de Saint-Thomas, ce qui établira des relations avec le futur prix Nobel. Albert Schweitzer concevra en effet l'orgue de chœur en 1906.
L'église Saint-Thomas joue à la fin du XIXe siècle un rôle décisif dans le renouveau liturgique. C'est en effet ici que, durant l'annexion, Friedrich Spitta expérimente à partir de 1888 les formes nouvelles de service religieux et que s'est créé l'Akademischer Kirchenchor. Julius Smend commence à y prêcher régulièrement en 1893 et Gesangbuch für Elsaß-Lothringen (Livre de chant pour l'Alsace-Lorraine) y est mis au point entre 1894 et 1899.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'église connaît divers aménagements. En 1987, l'église Saint-Thomas fait l'objet de travaux de restauration et elle est transformée pour un usage polyvalent. La paroisse regroupe entre neuf cent et mille fidèles - alors qu'ils étaient trois mille au début du XXe siècle - et les bancs ne sont donc plus tous nécessaires. Il est alors décidé de libérer la nef latérale Sud afin de servir d'espace d'exposition. L'installation de nouveaux bancs permet l'accueil de concerts, tandis que la mise en valeur de l'édifice et de son architecture gothique est réalisée par un nouvel éclairage.
Le Chapitre de Saint-Thomas a toujours la charge du Foyer Jean Sturm, ainsi que du Séminaire protestant installé dans le bâtiment baroque voisin[3]. Deux cultes luthériens y sont célébrés chaque dimanche, l'un en allemand et l'autre en français.