Le jardin des deux rives.
Sortie du week-end du 29 juin 2007
Sortie du week-end du 29 juin 2007
Le Jardin des Deux Rives est un ambitieux projet d'urbanisme, plus vaste que son intitulé, dans lequel les agglomérations française et allemande de Strasbourg et de Kehl sont engagées conjointement. Ce projet de réaménagement d'une zone de 150 ha en bordure du Rhin, de part et d'autre du pont de l'Europe, symbolise par excellence la volonté de ces deux communautés de vivre ensemble. Lorsque cette zone située à leur point de rencontre sera entièrement réaménagée, à l'horizon 2008/2015, elle constituera le cœur urbain de l'ensemble transfrontalier Strasbourg-Kehl, faisant des rives du Rhin l'un de ses lieux les plus attractifs. Rappelons que jusqu'alors, Strasbourg et Kehl avaient grandi en se tournant le dos, et que les impératifs de croissance de la capitale alsacienne, qui s'est successivement développée vers le Nord, le Sud puis l'Ouest en territoire français, lui imposent désormais de se déployer vers l'Est et d'accroître son rayonnement outre-Rhin.
Du côté français, le secteur en bordure du Rhin de part et d'autre du pont de l'Europe forme un vaste no man's land. C'est un ensemble hétéroclite, traversé par de grandes voies de communications, et qui englobe installations douanières et militaires désaffectées depuis l'ouverture des frontières, diverses friches urbaines et industrielles, des installations sportives en déshérence, des jardins, une forêt et un quartier pavillonnaire. Le projet du "Jardin des Deux Rives" signifie pour Strasbourg de remodeler entièrement sa façade orientale et de créer de nouvelles infrastructures de transports qui assureront une meilleure liaison entre le centre-ville et le Rhin, de la place de l' Etoile jusqu'au pont de l'Europe. Du côté allemand, les enjeux urbanistiques sont moins importants. Le secteur concerné à Kehl est un quartier plus petit et plus dense. Déjà associé à la vie du fleuve, il comprend un port de plaisance, le quartier de la gare, des installations douanières et militaires ésaffectées, ainsi que plusieurs zones résidentielles.
C'est une initiative de Kehl qui a donné le coup d'envoi au projet. En 1998, la ville décidait de se porter candidate à l'accueil d'un "festival de l'art du paysage" et d'y associer la ville de Strasbourg afin d'augmenter ses chances de l'emporter. Ces gigantesques floralies, "Landesgartenschau", organisées par le Land de Bade-Würtemberg en 2004, sont un événement très populaire en Allemagne qui attire entre 500 000 et un million de visiteurs. La Communauté Urbaine de Strasbourg et la ville de Kehl se sont donc jointes pour présenter leur candidature. Il ne fait pas de doute que l'engagement de la métropole européenne de Strasbourg a largement contribué à la réponse favorable qui leur a été donnée.
En 1999, les deux villes s'associaient, via une convention de coopération transfrontalière, pour lancer un concours d'urbanisme paysager. Les collectivités ont décidé d'organiser ce concours selon une procédure du droit allemand, sous l'égide d'un bureau d'études mandaté par la ville de Kehl. D'emblée, il a été prévu de travailler au-delà du seul objectif de l'accueil des floralies. Il a donc été demandé aux équipes participant au concours de travailler sur deux axes : d'une part, sur l'aménagement paysager d'un territoire transfrontalier de 150 ha autour du pont de l'Europe, le futur Jardin des Deux Rives; de l'autre, sur le concept et l'organisation des floralies.
L'année suivante, les conseils des trois collectivités, la Ville de Strasbourg, la Communauté Urbaine de Strasbourg et la Ville de Kehl, ont retenu le projet de l'architecte-paysagiste Brosk et des architectes Argibas et Wienstroer. Leur proposition a considéré les floralies comme le noyau d'un projet à plus long terme incluant le jardin et une passerelle pour piétons et vélo sur le Rhin, co-financée par la France et l'Allemagne.
Le site de la passerelle, qui sera l'élément fort de l'ensemble, a été déplacé vers le nord par rapport au mandat initial le rapprochant du pont de l'Europe et des zones résidentielles. Une seconde consultation a été lancée pour la construction de cette passerelle, également régie par le droit allemand. Le projet retenu fut celui de Marc Mimram, architecte de la nouvelle passerelle parisienne de Solférino.
La réalisation du Jardin et de la passerelle a soulevé plusieurs questions, sur lesquelles la Mission Opérationnelle Transfrontalière a été consultée durant l'année 2000. Tout d'abord, depuis un traité datant de 1953 entre la France et l'Allemagne, toute construction d'ouvrage sur le Rhin doit faire l'objet d'un accord entre les deux Etats donnant lieu à une ratification par les parlements français et allemand. Etait-il possible d'éviter une procédure aussi lourde, qui doit aussi inclure la ratification par les parlements ? Cette question se posait également pour d'autres projets de passerelles ou ponts lancés à l'initiative de collectivités territoriales, sur la base des dispositions de l'Accord de Karlsruhe (Hartheim-Fessenheim et Huningue-Weil-am-Rhein).
Pour la MOT, qui est intervenue auprès de l'administration centrale française, un accord sous forme d'échange de lettres entre les gouvernements français et allemand pouvait suffire à autoriser la construction de la passerelle. Cette solution a été confirmée dans les recommandations de la 16eme réunion de la commission franco-germano-suisse à Bâle le 21 septembre 2000. Suite à cette réunion, un accord sous forme d'échange de lettre entre les gouvernements a été signé en février 2001 concernant la construction du pont entre Hartheim et Fessenheim. Ces dispositions préfigurent le contenu d'un accord-cadre entre les deux Etats concernant la construction et l'entretien des ponts sur le Rhin.
Autre point sur lequel la MOT a été consultée : quelle(s) structure(s) juridique(s) sera-t-il possible de mettre en place pour réaliser ces différents projets d'intérêt commun de manière concertée et ultérieurement les gérer ? Parmi les outils préconisés par la MOT : une association transfrontalière de droit alsacien-mosellan ou allemand, qui pourrait constituer un organe de concertation politique prolongeant l'action de l'actuelle Commission Strasbourg-Kehl ; un GEIE, groupement économique d'intérêt européen, pour la promotion commune des floralies en 2004 ; un GLCT, groupement local de coopération transfrontalière tel que prévu par les accords de Karlsruhe, regroupant les collectivités territoriales françaises et allemandes, outil particulièrement adapté tant sur le plan de la concertation en amont que sur celui de la maîtrise d'ouvrage et la gestion des équipements.
Dernière édition par Roger le Dim 20 Avr - 22:25, édité 3 fois