Afrique, Sénégal, Saint-Louis, Gandiol, brousse, vivre

Bonjour d'un sénégaulois,
Vivre au Sénégal : une riche expérience, avec la colonne et la colonne -, comme partout d'ailleurs : rien n'est parfait.
S'immerger pendant plusieurs années sur cette autre planète, se familiariser avec d'autres langues, une culture différente, des comportements inhabituels, ça laisse des souvenirs. Je vous propose des photos commentées afin d'illustrer la vie au quotidien en brousse dans la région de Saint-Louis, et notamment à Gandiol.
Bonne découverte!

Jipé!
Je cherche désespérément tes photos!?

Bonjour Sabine,
Les photos vont bientôt arriver : patiente un peu.Merci.

OK Roger : ton topo pourra servir à tout le monde. Je me suis inscrit et j'attends la clé d'activation qui doit me parvenir par mail.

ça dure, comme on dit au sénégal ! ils ont peut-être perdu la clé ? J'ai le temps d'envoyer un clin d'oeil aux alasaciens : et d'aller manger un fleischschnacka, noch a moll.

Tassinère/Gandiol est en brousse, à 19 km au sud de Saint-Louis. C'est là que se situe mon domaine constitué de 8 cases traditionnelles à toits de paille dont la surface varie entre 20 m2 et 80 m2, sur un terrain de 1,2 hectares. Elles ont été contruites de 2001 à 2003, et je m'y suis installé le 1er mai 2003. Voici une vue centrale des lieux.

Le village se trouve en bordure du fleuve Sénégal. Le sol est entièrement sablonneux. On y trouve bien entendu des cocotiers.

Comme partout au Sénégal (sauf en Casamance) la population est essentiellement musulmane. Voici une vue de la mosquée de Tassinère.

Bravo Jean Pierre, tu es un chef.
Tu arrives à poster des photos ce qui est essentiel ici car les filles ne comprennent rien à la lecture. Il leur faut des photos. En plus, elles sont merveilleuses. Les paysages, les couleurs, la netteté, bref, tout est bien.

Mes explications étaient compréhensibles ou tu as été obligé de faire appel à ine infirmière en nordinateur?


Alors, tu nous disais que tu étais de Gandiol / Tassinère. C'est en brousse, à 19 km au sud de Saint-Louis. Je suppose que c'est à l'est de St Louis. Ca peut pas être autrement.
Les gens utilisent beaucoup l'eau du fleuve pour leurs cultures?

"Lu cin xat, xat xorom xaj ca" dit le proverbe wolof. Ce qui signifie, pour les non initiés : "Si étroite que puisse être la marmite, le sel y trouvera sa place". A l'est de Tassinère, où passe la piste menant à Mouït, il y a deux marigots salans. Il faut savoir que Gandiol accueillait les salines royales, du temps du premier empire Diolof , créé vers les années 1200 de notre ére par un certain N'Dia Diane N'Diaye.

A l'est de Saint-Louis, nous partons vers Matam. Tassinère/Gandiol est bien au Sud, en direction de Dakar où les 4X4 font le trajet par les plages de la Grande Côte. Sortir de Saint-Louis en direction de Dakar ; arrivé à l'hôtel "Cumbabang", quitter cette route sur la droite pour aller sur Gandiol. La route goudronnée est un peu cahotique, faute d'entretien régulier. Mais pas toujours comme le montre la photo.
Nous évoquerons le maréchage plus tard. D'ailleurs, tu risques d'avoir une indigestion de photos sur ce forum, car la source est quasi inépuisable

L'hivernage qui sévit entre mi-juillet et fin septembre chaque année, remplit les marigaux d'eau de pluie. Puis arrivent les mois secs et ensoleillés. L'eau s'évapore petit à petit ; vers le mois de mars, il ne reste que le sel. Toutes les femmes du village, des plus agées aux plus jeunes, viennent alors récolter ce "xorom". Travail très pénible dans cette boue salée où elles vont nu-pieds.

Le sel est mis en tas au bord des marigots ; chaque famille identifie ses tas avec un bout de bois, un morceau de tissus... Une partie est mise en sacs et part pour la vente dans le pays. Le reste est stocké en grands tas recouverts de branchages pour les protéger. il est commercialiser au fil du temps.

Le Gandiolais ( je crois que c'est comme ça qu'on appelle cette région ) est le lieu proche de St louis où viennent les tortues pour se reproduire. Il me semble avoir entendu l'année dernière un soulèvement des locaux pour ammener les pouvoirs publiques à s'intéresser à cette raréfaction de l'espèce endémique locale.
J'avais cru comprendre que c'était lié à une pollution majeure du fleuve Sénégal qui déverse à longueur d'année ses tonnes de déchets plastics et autres à l'embouchure du fleuve.
Le fait est que la localité, de par sa configuration géographique, est le lieu où échouent tous les déchets en amont du bras du fleuve Sénégal.
Les tortues en sont les premières victimes puisqu'elles confondent ces nylons à des méduses dont elles rafolent en général et bien entendu s'empoisonnent en avalant ces déchets plastiques. De plus, elles viennent à Gandiol pondre de juillet à septembre ( ça c'est connu ) .
Les femmes du coin s'étaient soulevées et avaient ou devaient ( je sais plus bien ) organiser régulièrement des ramassages de ces déchets pour préserver ces tortues. J'avais lu cela dans les journaux locaux.

Qu'en est-il exactement?
Trouve t-on toujours des tortues dans ce coin?
En as tu vu, toi qui y a séjourné longtemps ?
comment sont traités ces déchets, sont-ils comme on le voit à Mbour, déversés un peu plus loin dans des terrains squatés pour l'occasion où sont-ils traités comme chez nous ou presque ?

Voici à quoi ressemble le sel brut. Ca ne donne pas envie de le mettre dans son assiette !

Moi il ne me dégoute pas. Le sel de Guérande a aussi de l'argile et sans argile il n'est pas un vrai sel de Guérande;
Pas appétissant, je ne pense pas; On a tellement pris l'habitude de consommer des aliments aseptisés qu'on en oublie la vraie saveur de la terre.

D'ailleurs, on donne bien de la terre mélangée à des aliments à manger aux cochons, ce n'est pas pour rien !

les vaches chez nous qui ne sortent pas aux prés au printemps et restent dans l'étable sont tout le temps malades. Celles qui sortent et restent dehors toute la saison qui va du printemps jusqu'à la mi-novembre sont endurcies car elles ont bu de l'eau dans les flaques, les marres, les rivières et sont solides. Leurs corps apprennent à réagir et se protéger contre les maladies. Tout ça on l'oublie.
C'est vrai qu'au premier abord, on pourrait en être dégouté; Il ne faut pas oublier que eux en mangent et ne se portent pas plus mal.

Il est traité, ce sel?
Comparativement à celui du lac Retba au nord Est de Dakar ( lac appelé plus communément lac rose par les blancs ) qui est plus propre et qui n'est pas traité.

Je n'ai jamais vu les tortues. Je crois qu'elles viennent pondre de l'autre côté du fleuve, sur cette bande de terre que l'on nomme "Langue de Barbarie" qui sépare le fleuve de l'océan.
Il est vrai que le fleuve sert de poubelle à de nombreux habitants de Saint-Louis et le courant emporte tout vers l'embouchure, ce qui pollue l'eau et les plages au bord du fleuve. Cependant, un événement a changé la situation : l'hivernage 2003 a été catastrophique, provoquant des inondations, isolant de nombreux villages de Gandiol et menaçant d'engloutir l'ile de Saint-Louis. Sur les conseils d'un ingénieur (marocain je crois), les autorités, en toute hâte ont creusé une nouvelle embouchure de 6m de large dans la Langue de Barbarie, à 23 km en amont de l'embouchure naturelle. Ce ne fut pas sans conséquences. L'embouchure artificielle s'est très vite agrandie, du fait de la poussée des eaux du fleuve, et du phénomène des marées pour atteindre plusieurs centaines de mètres. L'ancienne embouchure s'est petit à petit fermée, transformant les 23 km de fleuve en lagune d'eau salée toute l'année. Les habitants ne pouvaient donc plus l'utiliser comme avant où coulait de l'eau douce entre octobre et juin. Depuis, la nappe phréatique est de plus en plus polluée par le sel marin, ce qui risque de mettre en péril, à terme, tout le secteur du maraichage, une des trois activités économiques de Gandiol. Egalement, tout l'écosystème (flore et faune) de ce secteur est en cours de modification, et les importantes activités de pêche sont mises en cause. Par contre, les ordures ne viennent presque plus dans la lagune, et cela va peut-être sauver les tortues ?

bigosinski a écrit:ça dure, comme on dit au sénégal ! ils ont peut-être perdu la clé ? J'ai le temps d'envoyer un clin d'oeil aux alasaciens : et d'aller manger un fleischschnacka, noch a moll.

Fleisch veut dire ( viande )
chnacka je pense que c'est ( escargot )
et noch a moll signifie ( encore une fois )


aurais tu avalé un plat d'escargots ?








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Roger, je crois que le sel est lavé, mais pas traité. Le plan du Gandiolais, que j'avais placé sous mon précédent message, et qui était présent dans la prévisualisation, a disparu. C'est une image .tif qui est normalement acceptée par servimg. Je fais une nouvelle tentative.

Effectivement, tu as bien traduit : "escargots de viandes", même si cela n'a rien à voir avec les gastéropodes, puisque ce sont des tranches farcies. Et c'est bien bon ! Pour la petite histoire, entre nous, j'ai passé 27 ans en Alsace, à Falkwiller dans le sundgau. Les bas-rhinois ne sont pas obligés de se moquer ! Si tu veux voir la maison où habite ma femme Sophie, fais une recherche Google sur "il était une fois une maison en bois".
Revenons à nos moutons. Les terres de maraichage se trouvent au delà de Tassinère, après Mouït, et à partir de Mboumbaye. On y cultive surtout l'oignon, le fameux oignon de Gandiol, réputé et exporté dans tout le pays, mais pas seulement ça. Plein d'autres légumes. Les bonnes années, il y a deux récoltes. La culture est réalisée par des tâcherons qui vivent sur place dans des huttes en paille. Ils arrosent à la main en prenant l'eau dans des puits sans margelle. La manière de cultiver est originale, et destinée à économiser l'eau. Voici 4 images :

Bonjour Sabine,
C'est parti ! As-tu envie de voir la suite ? Ton avis m'intéresse, car je peux peut-être mieux faire ?
Je te dédie une photo. Légende : devant la case du gardien...
Cordialement.

Traditionnellement à Gandiol, on pêche dans le fleuve, et sur l'océan.
Dans le fleuve, trois type de pêche, à titre principal : les casiers, les filets déployés en travers du fleuve (bonjour les hélices des pirogues à moteur !), et l'épervier. Illustrations ci-dessous pour vous initier, si besoin est.
En mer, ce sont de grandes pirogues, avec des équipages importants, qui partent en général plusieurs jours. Les requins ont presque disparu, car ils ont été massacrés, y compris des jeunes, pour les ailerons dont raffolent les asiatiques qui les achètent à prix d'or. Le reste est purement et simplement rejeté dans l'océan. C'est triste. Quand on dit aux pêcheurs qu'ils n'auront plus de travail bientôt, ils répondent "gra ul" : ce n'est pas grave. Nous ferons autre chose.