Vous avez sans doute entendu parler, voici 3 ou 4 ans, de cette invasion de criquets pélerins. Les scientifiques savaient bien où se trouvait la source, leur point de départ : il aurait été facile de les détruire massivement . Mais les dirigeants des pays développés se fichent éperdument de ce genre de phénomène qui ne touche pas leur pays.
C'était fin décembre. Les insectes sont venus par dizaines de milliers du Magreb. La Mauritanie a été la première touchée.Je me souviens : je circulais entre Rosso (frontière avec le Sénégal) et Nouakchot. On ne voyait plus le soleil. Impossible de rouler à plus de 30 km/h, car sinon, les bestioles s'écrasaient sur le pare-brise ; et la visibilté était très réduite. Nous avions été obligés de fermer les vitres, car ils pénétraient à l'interieur du véhicule. Si je n'avais pas vu ce spectacle, jamais je n'aurai cru qu'il pouvait y avoir autant de criquets regroupés pour se reproduire. Nous avons traversé 3 nuages de ce genre.
Nos pensées allaient aux cultivateurs dont les récoltes seraient totalement détruites en quelques minutes.
Nous espérions qu'ils ne viendraient pas dans la région de Saint-Louis . Pas de chance : le 31 décembre, ils étaient là : ils ont dévoré tout ce qu'ils trouvaient dans le jardin, y compris les filaos. Le gardien avait essayé de les chasser, en vain. Ils étaient trop nombreux. Nous en étions couverts ; heureusement, ces animaux ne piquent pas.
Le soir de ce même jour, nous étions 3 hommes seuls à réveillonner, chez Helmut l'allemand, avec Bernard, un cuisinier du Sud-Ouest qui était aux fourneaux. La table était dressée sur la terrasse au bord du fleuve, sous les arbres couverts de criquets se reposant pendant la nuit. Dans le courant de la soirée, la fraîcheur est arrivée et la température a baissé ; suffisament pour engourdir et tuer les criquets qui tombaient au sol : il pleuvait des criquets pélerins. Au bout d'un moment, la terrasse était noire de bestioles mortes. Nous aurions pu les ramasser pour les manger, car c'est riche en protéines. Mais notre repas, très arrosé, était assez copieux comme cela !
Ils sont restés plusieurs jours avant d'aller chercher la nourriture plus loin vers le sud.
Les récoltes des maraichers de Gandiol ont été détruites, occasionnant de lourdes pertes économques.
Gilles,un ami de Saint-Louis qui avit de nombreux hectares de culture de tomayes a tout perdu. 13 millions de
f CFA étaient partis dans l'estomac des insectes. Il a été ruiné. Depuis, il a rebondi en créant une unité de fabrication de produits à base de piments : La Pimenterie de Saint-Louis.
Pour la petite histoire, une jeune femme : Dieynaba Ba dont je suis l'associé au sein d'une sarl exporte et vends ces marchandises en France. Elle peut ainsi sortir de sa galère, gagner sa vie, et être indépendante, ce qui n'est pas fréquent dans ce pays.
Tiens, Roger : tu voulais des jolies femmes sur le forum. En voici une : Dieynaba.